Après trois semaines de polémiques et de fractures dans le monde du cinéma sur le cas Depardieu, la question se pose : est-on en train d’assister à un conflit de générations, un schisme entre les anciens et les modernes, les premiers défendant l’acteur, les seconds les victimes de violences sexistes et sexuelles ? C’est en tout cas en ces termes que la question a été posée ce mardi 2 janvier à l’actrice Laure Calamy, sur France Inter.
Après une longue respiration, celle qui a été révélée par la série Dix pour cent avant d’incarner Antoinette dans les Cévennes ou Annie Colère s’est lancée. «Je crois que là, c’est un Me Too à la française qui est en train de se passer», a estimé la comédienne, faisant le parallèle avec l’automne 2017 et l’affaire Weinstein, quand toute l’industrie du cinéma américain avait dû se positionner sur le scandale.
Laure Calamy est signataire d’une tribune publiée dimanche sur Mediapart intitulée «Adresse au vieux monde» sur l’affaire Depardieu, l’acteur étant au cœur d’une tempête médiatico-politique depuis la diffusion de l’émission Complément d’enquête dans laquelle on le voit multiplier les propos misogynes et libidineux. L’acteur est par ailleurs mis en examen pour viols et accusé d’agressions sexuelles.
«Soutenir cette prise de parole»
Emmanuel Macron avait pris la défense de l’acteur sur le plateau de C à vous, estimant que le reportage avait peut-être été bidonné, dénonçant une «chasse à l’homme» et disant sa fierté d’aimer Depardieu. Une soixantaine d’acteurs de premier plan a également paraphé un texte – «N’effacez pas Gérard Depardieu» –, dont le soutien s’effiloche chaque jour à mesure que les signataires prennent conscience que la tribune a été concoctée par un proche de la réacosphère ou qu’ils ont signé sans avoir lu un contenu au fond très problématique.
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Du coup, pourquoi signer une nouvelle tribune en remontrant aux défenseurs du comédien ? Parce que cela semble «primordial quand on voit la difficulté de porter plainte, surtout face à un homme puissant», a expliqué Laure Calamy sur France Inter. Pour celle qui avait déjà pris position très clairement contre la réforme des retraites au printemps 2023, «les déclarations du président de la République sont un camouflet face à ces femmes qui ont le courage de porter plainte, de surmonter la peur, la honte qu’on éprouve quand on est victime de viol». «C’est important de faire corps et de soutenir cette prise de parole», a insisté celle qui est à l’affiche d’Iris et les hommes à partir de mercredi.
«Personne ne veut effacer l’artiste, assure le texte de cette contre-tribune, signée entre autres par Céline Salette, Anna Mouglalis, Sam Karmann ou Alex Lutz. Les femmes qui témoignent du mal qu’il leur a fait, la société qui ouvre enfin ses yeux et ses oreilles, le public qui a besoin de vérité, tout cela ne relève pas du lynchage d’un homme, mais d’une urgence de changement pour le bien de toutes et tous. Ce n’est pas un crime de dénoncer ses agissements, la terrible faute est de faire ce qu’il a fait. Le déni creuse le sillon du mal et contribue à une société de l’impunité.»