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#MeToo

Affaire Gérard Miller : de nouveaux témoignages mettent en cause le psy quand il enseignait à l’université Paris 8

Violences sexuellesdossier
France Info révèle ce jeudi 14 mars le témoignage d’une étudiante du psychanalyste. Mais aussi celui d’une ancienne salariée de la fac, où il a enseigné pendant 22 ans, qui dit avoir alerté la direction sur son comportement.
Gérard Miller, en septembre 2018 à Paris. (Yann Castanier/Hans Lucas. AFP)
publié le 14 mars 2024 à 11h15

Un nouveau témoignage dans l’affaire Gérard Miller s’ajoute, ce jeudi 14 mars, à la longue liste de ceux déjà recueillis contre le psychanalyste de 75 ans, publiés dans Elle puis Mediapart. C’est cette fois France Info qui le rapporte et il s’agit de celui d’une étudiante de l’université Paris 8, où le psychanalyste a enseigné de 1995 à 2017. Il est accompagné de celui d’une ancienne prof, qui affirme avoir alerté la direction de la fac sur le comportement inapproprié du psy-documentariste-chroniqueur lors de ses cours. Une enquête a été ouverte le 23 février pour «viols et agressions sexuelles, parfois sur victimes mineures». À ce jour, le parquet de Paris a reçu six signalements, dont deux anciennes élèves de Paris 8, l’une pour viol.

Les faits rapportés par son ancienne étudiante, prénommée Marion* par France Info, remontent à 2003. Elle retrace sa prise de parole dans l’amphi remarquée, la demande de Gérard Miller de rester après le cours pour discuter. «Il nous a ensuite proposé avec une amie de venir chez lui. Au départ, je ne voulais pas trop y aller mais mon amie a insisté», raconte Marion*. Les deux étudiantes se rendent dans l’hôtel particulier du psychanalyste, dans l’est parisien, boivent un verre.

«On était choquées»

Puis il pratique sur elles quelques jeux d’hypnose, leur propose enfin d’aller «regarder les disques» entreposés dans sa chambre. Assis entre elles sur son lit, «il a mis les bras autour de nos épaules et sa main a glissé vers ma poitrine. Donc là, on a décidé de partir, on ne voulait plus rester chez lui». Il insiste, elles finissent par quitter les lieux. «On était quand même choquées, on avait une vingtaine d’années et c’était notre professeur», regrette Marion.

Dans un mail rapporté par France Info, la direction de l’université affirme que «la prise en charge des victimes» et leur suivi sont «leur priorité» mais n’avoir reçu «aucun signalement de personnes ayant subi des violences sexistes et sexuelles de la part de cet ancien enseignant». Pourtant, le média révèle ce jeudi qu’une ancienne collègue de Gérard Miller avait alerté la direction sur son comportement. L’année n’est pas précisée. «Le souvenir que j’en ai, c’est d’avoir donné un dossier à la direction de l’université en évoquant certaines étudiantes qui racontaient que Gérard Miller pouvait avoir des propos très déplacés sur leurs pratiques sexuelles, si elles pratiquaient la fellation. Et d’avoir signalé également que certaines étudiantes, jeunes, le raccompagnaient vers la sortie de l’université», raconte celle que le média prénomme Leslie*.

De toute évidence, ses alertes n’ont engendré aucune mesure de la part de la direction. «[Elle] m’a fait comprendre qu’on allait faire comme si ça n’avait pas existé. Elle craignait de se retrouver dans un livre ou une pièce de théâtre de Gérard Miller», rapporte cette ancienne collègue, qui a lâché son poste. Contactée par France Info, Danièle Tartakowsky, l’ancienne présidente de l’université, évoque une conversation sur Gérard Miller qui n’aurait pas donné suite. En réaction, le syndicat Sud-Education demande des comptes à la direction : «Si tout le monde savait, comme on l’entend ces dernières semaines, quelles ont été les mesures prises pour protéger les étudiantes et le personnel ?» Du côté du camp Miller, son avocate Louise Tort dit réserver la parole de son client à la justice.