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Billet

Apolline de Malherbe et le privilège du féminisme

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Dans «le Figaro», la journaliste apparaît déconnectée des réalités précaires des mères françaises. Plus qu’une success story faussement inspirante, celles-ci ont besoin de politiques efficaces et de budgets dédiés.
Que peuvent penser les mères précaires en lisant les mots d'Apolline de Malherbe : «En gérant une matinale radio et télé avec quatre enfants, je montre que tout est possible» ? (Emmanuel Dunnad/AFP)
publié le 21 octobre 2023 à 16h16

Dans une interview donnée à nos confrères du Figaro, jeudi, à la question «Vous vous reconnaissez dans le féminisme actuel ?» la journaliste de RMC et BFM TV Apolline de Malherbe répond : «Je suis profondément féministe. En gérant une matinale radio et télé avec quatre enfants, je montre que tout est possible.»

Tout est possible… Parce que je le vaux bien ? C’est beau comme le slogan d’une entreprise cotée en Bourse. Emouvant comme une success story à la californienne, du genre page 222 du livre-témoignage d’une CEO de la Silicon Valley, brushing impeccable, quatre enfants, un smoothie le matin. Après tout, pour peu qu’on ait la motivation, on peut gérer une matinale et quatre enfants. Croyez en vos rêves, les filles !

Stupéfiant décalage

Lire ces mots, particulièrement dans la France de 2023, donne un goût amer. Il ne s’agit pas, attention, d’appeler à conspuer une femme qui raconte sa réalité, avec ses mots et sa perception des choses – il est important de le souligner tant les débats sont, de toutes parts, devenus violents. Elle a le droit de dire tout cela sans récolter en retour des tombereaux d’insultes.

En revanche, calmement, avec respect, disons-le : il est difficile, lorsqu’on lit ces mots, de ne pas voir le stupéfiant décalage avec la réalité que vivent les femmes de notre pays : inflation,