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Libération
Confessions littéraires

Après sa condamnation pour agressions sexuelles, Nicolas Bedos révèle avoir lui-même subi un viol

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L’acteur et réalisateur évoque ce mercredi 30 avril son ouvrage à paraître la semaine prochaine dans lequel il revendique un exercice d’autocritique sur les comportements qui ont pu causer la souffrance des femmes qui ont croisé sa route.
Nicolas Bedos à Cannes, le 28 mai 2022. (Julie Sebadelha/AFP)
publié le 30 avril 2025 à 20h29

Le bouquin aurait pu s’appeler Confessions d’un «connard» de ce siècle. Dans une tonalité plus grave que celle qu’on lui connaît, c’est plutôt la Soif de honte qui a été choisi en titre par Nicolas Bedos. Une allusion à l’alcoolisme dont l’auteur assure se soigner, dans un livre introspectif disponible en librairie à partir du 7 mai, aux éditions de l’Observatoire, et qu’il évoque dans une interview au Point parue ce mercredi 30 avril.

Un mea culpa de 300 pages, écrit sous la forme d’un dialogue avec lui-même, ou d’autres personnages, dans lequel le scénariste césarisé en 2020 pour son film la Belle Epoque, décrypte les raisons qui l’ont mené, en octobre 2023, à être condamné à un an de prison dont six mois avec sursis pour agressions sexuelles.

Une plaignante l’accusait de s’être dirigé vers elle avant de tendre la main droite au niveau de son sexe, par-dessus son jean, dans la nuit du 1er au 2 juin 2023. Une autre avait raconté qu’ivre, il l’avait attrapée par la taille et embrassée dans le cou dans la nuit du 11 au 12 mai 2023. L’acteur a, en revanche, été relaxé «au bénéfice du doute» pour des faits de harcèlement sexuel en 2018.

Au cours de l’audience, il s’était défendu d’être «un agresseur sexuel» et avait évoqué un «black-out», en reconnaissant des problèmes d’alcool et «une amabilité lourde» en cas d’ivresse.

«C’est l’histoire d’un connard»

Mais plus largement, Nicolas Bedos tente aussi d’explorer comment sa conduite a pu, tout au long de sa vie, blesser les femmes qu’il rencontrait. «J’ai longtemps fait preuve d’égoïsme et de lâcheté […] Ce qui compte, c’est que j’ai fait du mal. Le plus souvent, sans le vouloir, mais je l’ai fait. Pleins d’hommes de ma génération ont commis des erreurs, mais je pense en avoir commis plus que d’autres», admet-il dans une interview au Point ce mercredi, titrée en couverture de l’hebdomadaire «C’est l’histoire d’un connard», et réalisée par la journaliste Peggy Sastre, adepte des thèses darwiniennes comme clé de lecture des questions de genre.

Des aveux qui permettent à Nicolas Bedos de souligner d’éventuelles dérives de #MeToo, sans les dénoncer explicitement, et de se confier sur ses propres blessures. Notamment un viol, que le fils de l’humoriste Guy Bedos affirme avoir subi de la part d’une «personne, très admirée à l’époque, [qui] a vu sa vie sombrer de manière assez tragique par la suite» et contre qui il n’a «jamais envisagé de porter plainte». «Mais je suis très clair, je ne m’en sers pas comme d’un bouclier», insiste l’acteur et réalisateur de 46 ans.

«Libé va écrire que ton livre est un plaidoyer déguisé»

Bedos anticipe la critique qui pourra lui être adressée, de se blâmer lui-même pour soustraire aux autres le droit de le faire. «Mediapart va te démonter, Libé va écrire que ton livre est un plaidoyer déguisé, que tu n’as pas tant soif de honte que de réhabilitation. Que tu veux te faire passer pour une victime. Que tu n’assumes rien. Ils vont dire que tu maîtrises tout, même ta honte, même ta chute, et que tu trouves le moyen d’être encore le héros de cette histoire», fait-il dire d’ailleurs à l’un des personnages dans son livre, qui le sermonne lui-même.

Récemment devenu père d’une petite fille, il assure avant tout avoir écrit pour lui transmettre un message. «Que je n’ai pas toujours été un type bien, mais que je suis un père qui se répare. Que je n’ai pas fui. Que je n’ai pas nié. Que je n’ai pas fait semblant de n’être qu’un homme malchanceux pris dans un engrenage», explique-t-il au Point. Fin janvier, Nicolas Bedos avait renoncé à faire appel de son procès, au motif, dit-il aujourd’hui, qu’il n’y aurait gagné «ni la paix ni la nuance».