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Libération
Roe v. Wade

Au Nebraska, une mère écope de deux ans de prison pour avoir donné des pilules abortives à sa fille

Jessica Burgess avait commandé les pilules en ligne et les avait données à sa fille Celeste, âgée de 17 ans au moment des faits. Les deux femmes ont été inculpées puis condamnées après la consultation de leurs messages privés sur Facebook.
Des manifestantes devant le Capitole de l'Etat du Nebraska lors d'un rassemblement pour le droit à l'avortement qui s'est tenu le 4 juillet 2022 à Lincoln. (Kenneth Ferriera/AP)
publié le 23 septembre 2023 à 12h18

En juillet, Celeste Burgess avait écopé de trois mois de prison pour avoir avorté. Sa mère, Jessica Burgess, vient de se voir condamnée à son tour à une incarcération de deux ans. Cette Américaine de 41 ans, vivant dans le Nebraska, a été jugée coupable d’avoir aidé sa fille adolescente au moment des faits à obtenir des pilules abortives, a rapporté le New York Times. Jessica Burgess et sa fille Celeste ont toutes deux été accusées d’avoir agi ensemble pour interrompre cette grossesse en avril 2022.

La mère avait commandé les pilules en ligne et les avait données à sa fille, âgée de 17 ans qui était au troisième trimestre de sa grossesse, a indiqué vendredi le quotidien américain, citant les procureurs. Les autorités ont déclaré que la famille avait ensuite enterré le fœtus. En juillet, Celeste Burgess avait été condamnée à 90 jours de prison après avoir plaidé coupable d’avoir dissimulé des restes d’ossements humains.

En avril de cette année, la police avait commencé à enquêter sur des soupçons selon lesquels Celeste Burgess aurait donné naissance prématurément à un enfant mort-né, que la famille aurait enterré. Pour mener cette enquête, la police du Nebraska avait notamment obtenu le droit de consulter leurs comptes Facebook. Les messages privés échangés sur Messenger avec sa mère ont mené à leur inculpation puis leur condamnation. Cette autorisation, qui a suscité une forte indignation, a renforcé les craintes que la plateforme soit un outil de répression des procédures d’avortement.

Cinq accusations

Celeste Burgess, qui a été libérée début septembre, était dans la salle d’audience pour la condamnation de sa mère et a essuyé ses larmes à l’énoncé de la peine, a rapporté le Daily News. Sa mère, Jessica, avait plaidé coupable en juillet pour violation de la loi sur l’avortement du Nebraska, fourniture de fausses informations à un agent chargé de l’application des lois et retrait ou dissimulation de restes de squelettes humains.

Cinq accusations visaient la mère, dont une en vertu d’une loi de 2010 qui n’autorise l’avortement dans le Nebraska que jusqu’à 20 semaines après la fécondation. La grossesse de sa fille avait pris fin au bout de 28 semaines, soit huit de plus que le délai légal, qui a depuis été considérablement réduit à 12 semaines en mai dernier.

Un recul permis par le renversement le 24 juin 2022 par la Cour suprême des Etats-Unis de l’arrêt fédéral Roe v. Wade qui garantissait, depuis 1973, le droit d’avorter sur tout le territoire. Depuis, chaque Etat est libre de déterminer sa propre politique sur l’accès à l’IVG.

Depuis, une dizaine d’Etats parmi lesquels l’Alabama, le Kentucky, le Texas ou encore le Missouri ont totalement interdit l’avortement sans aucune exception, y compris pour les femmes victimes de viol ou d’inceste. D’autres l’ont interdit avec certaines exceptions ou considérablement limité.