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Libération
Décryptage

Avant la marche féministe contre les violences faites aux femmes, le gouvernement multiplie (et recycle) les annonces

Après le lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation dans les transports en commun, le ministre des Transports a annoncé que les chauffeurs de taxi et de VTC condamnés pour VSS ne pourraient plus exercer leur profession.
Elisabeth Borne et la ministre chargée de la Ruralité Dominique Faure lors de leur visite à la gare Saint-Lazare pour le lancement d'une nouvelle campagne de sensibilisation contre les VSS dans les transports en commun. (Lemouton Stephane/Pool/ABACA/Pool/ABACA)
publié le 25 novembre 2023 à 9h40

Avant la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes de ce samedi 25 novembre, le gouvernement a multiplié les annonces, soucieux d’occuper le terrain alors que le nombre de féminicides ne baisse toujours pas en France.

La «persistance de la violence faite aux femmes n’est pas une fatalité», «nous devons y mettre fin et nous allons le faire», promet le président de la République Emmanuel Macron dans une vidéo postée samedi midi sur les réseaux sociaux.

Enumérant les actions déjà mises en place - élargissement des horaires du 39 19, mise en place d’une plateforme numérique d’accompagnement, facilitation du dépôt de plainte, augmentation du nombre d’enquêteurs dédiés, déploiement de «téléphones grave danger» et de «bracelets danger immédiat», création de places d’hébergement d’urgence -, Macron se félicite d’efforts qui ont «porté leurs fruits».

Il note par exemple que deux fois plus de victimes de violences conjugales se sont signalées aux forces de l’ordre qu’en 2017. Pour lui, c’est la traduction de «l’expression plus libre de la parole des femmes»: «c’est une bonne chose, mais il n’en reste pas moins que 118 femmes sont mortes des mains de leur conjoint en 2022».

Calendrier des prochaines semaines

Face aux associations féministes qui déplorent une réponse trop «timide» de l’Etat, le chef de l’Etat déroule son calendrier, reprenant à son compte un bon nombre d’annonces déjà effectuées par Elisabeth Borne et par son gouvernement.

Un décret a été publié ce samedi au Journal officiel pour mettre en oeuvre l’aide financière d’urgence versée pour les victimes de violences conjugales devant quitter le domicile à partir du 1er décembre. Une femme victime de violences conjugales présentant «une plainte ou une ordonnance de protection peut demander une aide qui va de 250 euros à plus de 1 300 euros» selon ses revenues et sa situation familiale, a détaillé sur France 2 la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard.

Au terme d’une réunion avec des acteurs engagés contre les violences faites aux femmes, Elisabeth Borne a aussi promis l’examen à l’Assemblée d’une proposition de loi de la députée Renaissance Emilie Chandler, qui instaure une ordonnance de protection «immédiate» pour les victimes de violences conjugales.

Engageant cette séquence d’annonces dès vendredi, la Première ministre avait pris exceptionnellement le métro pour lancer à la gare Saint-Lazare la nouvelle campagne de communication contre les VSS dans les transports en commun qui va durer un mois et a coûté 1 million d’euros. Elle «répond à un constat alarmant : la quasi-totalité des femmes, neuf femmes sur dix, déclarent avoir subi des agressions verbales ou physiques dans les transports en commun, […] des sifflements, des insultes, voire des agressions sexuelles ou même des viols. C’est totalement inacceptable», a affirmé la cheffe du gouvernement.

Les VTC et les taxis sous surveillance

Le ministre des Transports, Clément Beaune, a également annoncé samedi des mesures visant à «lutter contre ce fléau» à l’issue d’une réunion avec le comité dédié à la lutte contre ces violences dans les taxis et VTC. «Aujourd’hui, nous renforçons encore notre arsenal de protection à l’égard des femmes dans les transports, en excluant de la profession de chauffeur de taxi et de VTC toute personne ayant fait l’objet d’une condamnation à caractère sexiste ou sexuel. C’est du bon sens : tolérance zéro», a-t-il déclaré.

Outre ces mesures d’exclusion et «l’élargissement des conditions de restriction d’accès à la profession», le ministre a annoncé «le renforcement de la formation des chauffeurs», avec l’intégration dès 2024 d’un «module de sensibilisation aux atteintes à caractère sexiste et sexuel», destiné aux nouveaux entrants dans la profession mais aussi aux chauffeurs en exercice grâce à la formation continue.

De son côté, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retailleau a annoncé le déploiement d’une enveloppe d’1,8 million d’euros pour soutenir les projets de 60 associations impliquées dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, selon un communiqué. La campagne de sensibilisation au consentement «Sans oui c’est interdit», va aussi être renouvelée dans les établissements pour une année.

Mise à jour à midi avec l’ajout de la déclaration d’Emmanuel Macron