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Constitutionnalisation

Avortement : «C’est le premier droit qui saute partout, et dans des conditions abjectes»

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Autrice d’«Interruption», l’avocate Sandra Vizzavona dialogue avec la comédienne Pascale Arbillot, qui joue son texte au théâtre Antoine à Paris, autour du droit à l’IVG et de sa remise en cause par les extrêmes du monde entier.
Sandra Vizzavona et Pascale Arbillot, à Paris, le 17 janvier. (Florence Brochoire/Libération)
publié le 23 janvier 2024 à 17h55

Elles sont deux. L’une, avocate, a publié une enquête saisissante (1) pour donner la parole à des femmes ayant eu recours, comme elle, à l’avortement. L’autre, comédienne, fait résonner ces voix sur la scène du théâtre Antoine, à Paris (2). Ensemble, Sandra Vizzavona et Pascale Arbillot portent, avec Interruption, les voix des centaines de milliers de femmes qui, chaque année, ont recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) en France. Ces voix disent tour à tour le soulagement, la douleur, la solitude, l’impassibilité, donnant à voir un kaléidoscope des réalités de l’avortement. Toutes ensemble, elles brisent ce «putain de silence» (dixit l’autrice) qui continue d’entourer cet acte pratiqué 234 300 fois en France en 2022, selon la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques. L’IVG serait-elle encore taboue ? Menacée ? Alors que le projet de loi visant à l’inscrire dans la Constitution est examiné à compter de ce mercredi à l’Assemblée, Pascale Arbillot et Sandra Vizzavona pointent la nécessité de le protéger.

Ce silence autour de l’avortement, à quoi est-il dû ?

Sandra Vizzavona : On nous fait ressentir qu’on a fait une bêtise et que, si on avait été un peu plus maligne, on aurait pu ne pas tomber enceinte, ce qui entraîne une part de culpabil