Privée d’un ministère, l’égalité femmes-hommes échappe aux coupes budgétaires. Fondu dans le portefeuille à rallonge du ministère des Solidarités, le secrétariat d’Etat à l’Egalité (tenu par Salima Saa) voit même son budget augmenter de près de 10,4 % dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2025. Les crédits de la «grande cause du quinquennat» renouvelée passent de 77,4 millions d’euros en 2024 à 85,11 millions.
Cette évolution reste malgré tout timide pour suivre l’explosion des demandes d’accompagnement des victimes de violences, menant mathématiquement à une baisse du financement par personne accompagnée pour les associations. Les conséquences sont directes : des places d’hébergement d’urgence ont dû être fermées et des lieux d’accueil sont menacés de disparition.
Sans que cela ne soit chiffré, l’augmentation des crédits de la mission Egalité est notamment portée par «la montée en charge» de l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales, qui avait déjà mené à l’octroi d’une enveloppe supplémentaire de 13 millions d’euros en 2024. Depuis le 1er décembre 2023, toute personne ayant déposé plainte, bénéficiant d’une ordonnance de protection ou ayant fait un signalement auprès du procureur de la République peut y avoir accès pour faciliter sa mise à l’abri.
Lutte contre la prostitution
Dans la droite ligne de sa «position abolitionniste» et de son plan présenté en mai, le gouvernement fixe aussi parmi ses objectifs «l’aide à la sortie de la prostitution et [la] lutte contre son développement». Et pointe particulièrement la poursuite du «déploiement des parcours de sortie de prostitution» – volet social de la loi de 2016 – dont le montant du soutien financier, 342 euros mensuels par bénéficiaire, ne devrait pas être revalorisé malgré les demandes des associations.
L’exécutif entend aussi «améliorer la qualité de service en matière d’aide aux personnes victimes de violences», en citant notamment celui «offert par les centres d’information sur les droits des femmes et des familles». Là encore, sans plus de détails. Alors que la prévention ainsi que la lutte contre les violences et la prostitution requiert la majorité des crédits du budget, le PLF prévoit de «mesurer» également «l’effet levier» du budget sur la «politique d’égalité professionnelle».
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En dehors de cette seule mission Egalité, d’autres crédits de l’Etat, dispersés dans les autres ministères, sont censés concourir à la politique d’égalité. Mis bout à bout, ils s’élevaient à 2,4 milliards d’euros en 2023. Bémol, dans un rapport rendu en mars, la Cour des comptes soupçonnait des tours de passe-passe entre les différentes lignes budgétaires afin d’en gonfler le montant. Leur évaluation pour 2024 et 2025 n’a, pour l’instant, pas été communiquée. Si une baisse des moyens alloués à la lutte contre les violences semblait d’autant plus inaudible en plein procès des viols de Mazan, le gouvernement est loin de rattraper son retard. Un bilan de la Fondation des femmes fixait, il y a un an, le minimal à atteindre : 2,6 milliards d’euros pour la seule lutte contre les violences faites aux femmes.