«Les filles sont plutôt faites pour les études littéraires», «les maths, c’est pour les garçons»… Selon un sondage OpinionWay en partenariat avec l’association «Elles bougent» dévoilé ce lundi 23 septembre et menée sur plus de 6 000 personnes, 82 % des étudiantes et jeunes actives dans le secteur de l’industrie ont été confrontées à des stéréotypes de genre à l’école. Ces stéréotypes alimentent une autocensure qui détourne les filles des carrières scientifiques, alerte l’association, qui appelle à une meilleure prise en compte de cette problématique par les pouvoirs publics.
Les femmes demeurent minoritaires dans les carrières scientifiques : elles représentent seulement un quart des ingénieurs en activité. «Ces résultats nous alertent et nous obligent», déclare Valérie Brusseau, présidente de l’association Elles bougent, qui a pour vocation de susciter des vocations féminines pour les métiers scientifiques. «L’industrie de demain doit se construire avec les femmes. C’est une responsabilité collective», ajoute-t-elle.
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Cette sous-représentation est multifactorielle : «Elle s’explique par la présence de stéréotypes de genre mais aussi par le manque de modèles féminins ou encore par un environnement perçu comme peu inclusif», souligne Amel Kefif, directrice générale de l’association.
L’association dénonce aussi la réforme du baccalauréat survenue en 2019 : «Cette réforme a anéanti vingt-cinq ans d’efforts. On était quasiment à une parité dans les classes de filières scientifiques avant cette réforme, aujourd’hui, en à peine trois ans, la proportion de filles ayant des mathématiques et des sciences dans leur programme a baissé de près de moitié pour les premières générales.»
«Syndrome de l’imposteur»
Le «syndrome de l’imposteur», phénomène psychologique qui conduit les jeunes femmes à ne pas se sentir légitimes dans ce qu’elles entreprennent, touche la moitié des étudiantes interrogées. Ce phénomène se renforce dans le cadre professionnel, où 81 % des femmes estiment que les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilité et 75 % pensent que les hommes bénéficient de meilleurs salaires à poste égal. Un climat qui accentue les inégalités de genre dans les carrières scientifiques et techniques. Nombreuses sont celles à se sentir en insécurité : pas moins de 81 % des étudiantes craignent de subir des violences sexistes et sexuelles dans leur future carrière.
Pour lutter contre ces inégalités, des initiatives existent, comme la création de projets de sensibilisation dans les écoles. Cependant, 73 % des femmes actives et 62 % des étudiantes estiment que davantage de mesures sont nécessaires. L’association propose quatre recommandations : «Une campagne nationale de sensibilisation menée par le gouvernement, la formation des enseignants aux stéréotypes de genre, une forme de discrimination positive en faveur des filles à l’entrée des grandes écoles ainsi qu’une formation des managers et des équipes», liste Valérie Brusseau. Enfin, Elles bougent propose un système de mentorat et de marrainage, mettant en avant des modèles féminins et qui sensibilise chaque année plus de 40 000 filles aux métiers des sciences et de l’industrie.