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Reportage

«Ce devrait être une mission de service public» : à Bagnolet, menaces sur un lieu d’accueil pour jeunes femmes victimes de violences

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Violences sexuellesdossier
En Seine-Saint-Denis, le lieu d’accueil et d’orientation Pow’Her, dédié aux 15-25 ans, pourrait fermer ses portes faute de trésorerie. Encadrantes et personnels de santé se mobilisent pour défendre cette structure unique en France.
Hélène Leblanc (conseillère conjugale et familiale), Louise (psychologue) et Amandine Maraval (directrice) au LAO Pow'Her. (Ava du Parc/Libération)
publié le 18 mars 2024 à 7h25

Seuls le zip de sa trousse et le bruissement de sa feuille viennent troubler le silence dans cette pièce chaleureuse. Non loin de Nadia (1), une boxeuse sur une affiche proclame, comme pour l’interpeller : «Je m’affirme, je me défends.» Sur conseil d’une amie, la lycéenne de 16 ans a poussé, il y a quelques jours, la porte du Lieu d’accueil et d’orientation pour les jeunes femmes victimes de violences (LAO) Pow’her à Bagnolet. «C’était compliqué pour moi de demander de l’aide. J’espère trouver un appui ici», lâche cette lycéenne au milieu d’un grand salon où les jouets pour enfants côtoient des tapis de yoga aux couleurs électriques. L’adolescente confie à Hélène Leblanc, conseillère conjugale et familiale, lors d’un entretien : «L’école a longtemps été une échappatoire.» Une échappatoire à l’insécurité régnant dans son foyer familial, où un membre de sa famille, accusé par sa sœur de l’avoir violée, est toujours accueilli. «Tu peux me rappeler le rôle des parents par rapport à leurs enfants ?» questionne Hélène Leblanc d’une voix douce. «Nous protéger», répond la jeune fille, elle-même troublée par des «flash-back».

Comme Nadia, 537 ados et jeunes adultes ont été accompagnées par le LAO depuis son ouverture en septembre 2019. Parmi elles, 86% ont subi des violences intrafamiliales et 83% plusieurs types de violences au cours de leur vie (intrafamiliales, conjugales, sexuelles, mariages forcés, prostitution).

Unique en France, ce lieu