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Comment se préparer au premier rendez-vous chez le gynécologue?

Violences sexuellesdossier
«Libé» revient sur les principes de la première consultation chez le gynécologue, déterminant dans le suivi médical de la vie d’une femme.
Aucun acte médical ne peut être imposé à une patiente, dont le consentement doit être renouvelé et peut être révocable à tout moment. (Maria Kraynova/Getty Images/EyeEm)
publié le 8 août 2022 à 19h16

Prise d’infos, contraception, palpation des seins… En quoi consiste un premier rendez-vous gynéco ? Ces dernières semaines, alors que la parole des femmes se libère pour dénoncer des violences gynécologiques subies en cabinet, nombreux sont les détracteurs à juger qu’elles savaient à quoi s’attendre. Un retournement de situation classique quand il s’agit des violences faites aux femmes. Aucun acte médical ne peut être imposé à une patiente, dont le consentement doit être renouvelé et peut être révocable à tout moment. Les violences et le bafouement de ce principe fondamental entraînent bien souvent une désertion des patientes, posant un vrai problème de santé publique. Libération fait le point sur le déroulé et les gestes médicaux d’une première consultation (ou les suivantes) chez un spécialiste en gynécologie.

A quel âge dois-je consulter pour la première fois ?

Bien plus qu’une question d’âge, la démarche du premier rendez-vous gynécologique dépend surtout des besoins et des envies de la patiente, qu’elle ait des relations sexuelles ou non. «Il n’y a aucun âge butoir ou limite, affirme Laura Berlingo, gynécologue obstétricienne interrogée par Libération, autrice du livre «Une sexualité à soi». On peut consulter pour se renseigner sur son corps, sa puberté, sa sexualité… Mais on peut aussi s’y rendre pour des questions plus médicales, comme la contraception.»

Seul le frottis, permettant de dépister un éventuel cancer du col de l’utérus, est recommandé à l’âge de 25 ans, mais il n’est pas obligatoire. Par ailleurs, les gynécologues ne sont pas les seuls en capacité de réaliser une consultation gynécologique. Une patiente peut décider de se rendre chez une sage-femme ou un médecin généraliste ayant cette spécialité. Elle peut également venir accompagnée d’un proche lors de la séance.

De quoi va-t-on parler ?

Lors d’une première consultation, gynécologue et patiente évoquent généralement les antécédents gynécologiques, comme l’âge des premières règles ou la nature des cycles menstruels. «Les règles douloureuses peuvent être évocatrices de l’endométriose», explique à Libération la gynécologue Nasrine Callet. Peuvent aussi être abordés les antécédents médicaux (diabète, hypertension, allergies, opérations…), les antécédents familiaux (du côté maternel comme paternel), afin d’orienter la patiente vers d’éventuels examens.

Pour Laura Berlingo, la bonne posture est avant tout celle de «s’adapter à la personne en face et de répondre à ses questions à elle». Au-delà des règles et de la contraception, elle constate que d’autres thématiques reviennent régulièrement comme l’IVG, les infections sexuellement transmissibles (IST), mais aussi l’anatomie. «Avec le porno, les représentations du corps sont extrêmement lissées. Mais avoir des petites lèvres plus grandes que les grandes lèvres, ce n’est pas anormal !» veut-elle rassurer. Rappelons également que les femmes ne sont pas les seules personnes menstruées, et que les hommes trans et les personnes non-binaires peuvent aussi consulter un spécialiste en gynécologie.

Suis-je obligée de me faire prescrire une contraception ?

La question de la contraception reste l’une des plus fréquemment abordées. «Ce n’est absolument pas obligatoire, souligne toutefois Nasrine Callet. Pour celles qui le souhaitent, on discute alors des possibilités : une patiente migraineuse n’aura pas forcément la même contraception qu’une fumeuse», illustre la spécialiste. Pilule, patch, implant, préservatif, stérilet… Plusieurs moyens peuvent être testés avant de trouver son confort.

«Par rapport à ma génération, les patientes sont plus renseignées, relève Nasrine Callet. Mais elles le sont parfois trop, se perdent dans une masse d’informations.» Exemple de la pilule du lendemain par Laura Berlingo : «Beaucoup de personnes qui consultent ont peur de devenir stériles si elles en prennent trop. Tout l’objectif d’une consultation est de démêler le vrai du faux à l’heure où beaucoup de fausses informations circulent.»

Quels examens médicaux peuvent m’être proposés ?

Un gynécologue, un médecin ou une sage-femme peut, suivant la demande et les antécédents de la personne, proposer une palpation des seins (pour détecter d’éventuelles tumeurs dans le cadre du dépistage du cancer du sein), un toucher vaginal (si l’on suspecte notamment une endométriose), un examen de l’utérus et des ovaires via un spéculum dans le vagin (en adaptant sa taille), ou encore un frottis (à partir de 25 ans). Une échographie peut également être envisagée, sur le ventre ou par le vagin.

Les examens ne sont, encore une fois, pas obligatoires, et le spécialiste doit être en mesure de distinguer ce qui est nécessaire de ce qui l’est moins. «Si la patiente n’a eu aucun rapport sexuel, je ne pratique pas le toucher vaginal et me contente de regarder la vulve, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de rougeur ni d’infection», déclare Nasrine Callet. Laura Berlingo estime de son côté que la relation entre soignant et patiente doit être appréhendée d’égal à égal, autant que le consentement doit être «une notion basique» pour chaque professionnel de santé. Sauf en cas d’urgence vitale, il doit en effet être recueilli avant chaque examen, selon la loi dite Kouchner du 4 mars 2002. La patiente est également en droit de ne pas se déshabiller entièrement.

Je reviens quand ?

Là encore, c’est à la patiente de choisir. Mais en cas de prescription d’une première (ou d’une nouvelle) contraception, il est conseillé de faire un point dans les mois qui suivent. De même si le premier frottis a été réalisé comme recommandé à l’âge de 25 ans, le second doit intervenir un an plus tard, puis après trois ans. Passé l’âge de 30 ans et jusqu’à 65 ans, un test HPV-HR (dépistage de cancer du col de l’utérus) remplace le frottis tous les cinq ans.