«Traditionnelle distribution de roses offertes par la municipalité ce matin sur le marché de Bruay-la-Buissière pour la fête des mères ! Un bonheur de voir vos sourires. Bonne fête à toutes les mamans !» Sur la page Facebook de Ludovic Pajot, le post est enthousiaste, les commentaires laudateurs. Le 26 mai, le maire RN de cette petite ville minière du Pas-de-Calais, 22 000 habitants, distribuait quantité de fleurs aux mères de famille. A l’hôtel de ville depuis 2020, Ludovic Pajot «fait des choses qui se voient», comme le formule Véronique Laurent, coordinatrice de la Maison des échanges.
Claudine, 70 ans, une habituée de cette association solidaire locale, a reçu deux roses le 26 mai. L’initiative l’enchante, comme tout ce que fait monsieur le maire. A trois jours du premier tour des législatives, la retraitée hésite avant de dévoiler son vote RN. Les mains posées sur la toile cirée, après une collation café-gaufres typique du Nord, elle évoque son suffrage avec des accents féministes : «On nous a donné le droit de vote : je le prends.» Clame son indépendance : «On n’écoute pas les maris.» Puis cette fille de mineur polonais plante son regard bleu roi dans le nôtre et lâche : «On voudrait du changement.» Elle n’est pas la seule à plébisciter le RN. Bruay-la-Buissière a voté à 66,91 % pour leur candidat, Thierry Frappé,