Elle n’était pas prête à raccrocher la robe, envisageait seulement de s’éloigner peu à peu des prétoires. A travers le procès des viols de Mazan, le combat l’a subitement rattrapée. Agnès Fichot a 75 ans, lorsqu’on la rencontre dans son cabinet parisien. Elle n’en avait que 29, en mai 1978, lors du procès d’Aix-en-Provence qui a fait évoluer la législation sur le viol, pour enfin le faire juger comme un crime. Cette femme aux yeux bleus rieurs est alors la collaboratrice de la célèbre avocate Gisèle Halimi, chargée de représenter Anne Tonglet et Araceli Castellano. En août 1974, ces jeunes femmes, en couple, avaient été violées par trois hommes dans une calanque, près de Marseille.
Débutante, Agnès Fichot rêve alors de mettre sa robe au service de procès de société, comme celui de Bobigny, porté en 1972 par Gisèle Halimi, une étape décisive dans la lutte pour le droit à l’IVG. A Aix-en-Provence, les deux victimes avancent sous les crachats, les injures, assénées jusque dans la salle d’audience, bien loin des haies d’honneur réservées en 2024 à Gisèle Pelicot, à Avignon. Malgré tout, leurs trajecto