«Quand j’ai repris le travail, je n’avais plus de bureau, plus de chaise. Mes affaires étaient dans un carton dans un couloir.» C’était il y a quinze ans, mais Emmanuelle, 52 ans, n’a rien oublié de son retour de congé parental. Le comble, elle était alors consultante en ressources humaines dans un cabinet de conseil connu pour son travail sur l’égalité femmes-hommes : «J’avais été remplacée par un mec et je n’avais plus du tout mes responsabilités managériales.» Cheffe de projet à la tête d’une équipe d’une quinzaine de personnes, on lui propose un nouveau poste, à 50 kilomètres de Paris, inaccessible en transports en commun, alors qu’elle n’a pas le permis et une seule personne sous sa responsabilité. «Ça sentait le placard très fort», dit-elle, encore amère. Elle refuse : cela se termine par une rupture conventionnelle.
Dans leur carrière, les femmes paient toujours au prix fort le fait de devenir mère. Le titre de l’enquête publiée ce jeudi par l’Association de l’emploi des cadres (Apec), la première du genre, «le retour de congé maternité des femmes cadres. Des difficultés et trop peu d’accompagnement» a des allures de litote tant son contenu, issu de deux enquêtes quantitative et qualitative (1), est accablant. Quelle part des femmes cadres devenues mères ces dix dernières années estiment qu’une femme qui a eu des enfants est freinée dans son évolution professionnelle ? Plus des trois quarts (78 %). Quelle proportion de l’ensemble des cadres