Le 20 août, elle se retrouvait embrassée de force devant des centaines de milliers de téléspectateurs. Ce dimanche 31 décembre, la footballeuse espagnole Jenni Hermoso sera l’une des invitées de marque de la retransmission des douze coups de minuit sonnés à la Puerta del Sol, à Madrid, un évènement suivi à la télévision par des millions de personnes, en Espagne et en Amérique latine.
Devenue malgré elle un symbole mondial dans la lutte pour l’égalité homme-femme, Hermoso participera dimanche soir à l’émission de la Saint-Sylvestre, présentée en direct de la célèbre place madrilène. La tradition veut que les Espagnols avalent douze grains de raisin au son de ces douze coups pour se porter chance.
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Quelques minutes après le sacre mondial de l’équipe espagnole féminine à Sydney face à l’Angleterre, le patron du foot espagnol, Luis Rubiales, âgé de 46 ans, avait embrassé l’attaquante sur la bouche par surprise, provoquant l’indignation en Espagne et à travers le monde.
Jenni Hermoso dénonce un acte «sexiste, déplacé et sans aucun consentement» de sa part, Luis Rubiales affirme longtemps qu’il ne s’agit que d’un «petit bisou consenti», avant de démissionner le 10 septembre. Inculpé d’»agression sexuelle» par la justice, il a été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fifa (fédération internationale). Il se dit victime d’une «campagne disproportionnée».
Femme de l’année
Elue femme de l’année 2023 par l’édition espagnole du prestigieux magazine américain GQ, Jenni Hermoso a expliqué : «J’ai dû assumer les conséquences d’un acte que je n’ai pas provoqué, que je n’ai pas choisi ni prémédité. J’ai même reçu des menaces et c’est une chose à laquelle on ne s’habitue jamais». La numéro 10 doit être entendue mardi par le juge en charge de l’affaire Rubiales alors que de nombreux témoins ont déjà été auditionnés.
Début décembre, la présidente de la fédération anglaise, Debbie Hewitt, a expliqué que Rubiales s’était montré «agressif» après la finale du Mondial féminin et avait eu des gestes «inappropriés» envers des joueuses anglaises, selon un texte publié mercredi par la Fifa.
En l’espace de deux décennies, la société espagnole a opéré une véritable révolution face au machisme. En 2004, le Premier ministre socialiste José Luis Zapatero en avait posé les jalons en lançant une loi intégrale contre les violences conjugales. Depuis, le mouvement féministe a été imparable. A tel point que conservateurs et socialistes espagnols, pourtant divisés sur tant de sujets, sont alignés dans ce combat dont aujourd’hui seul Vox, la formation d’extrême droite, se démarque.
L’exécutif de Pedro Sánchez comptait davantage de femmes que d’hommes, la parité progresse partout – malgré de grosses résistances dans le monde des affaires – et le pays est l’un des rares à avoir promulgué une loi sur le consentement sexuel.