A peine une trentaine de kilomètres séparait ces deux femmes, victimes toutes deux d’un acharnement de violences de leur conjoint ou ex, ces vendredi et samedi 2 et 3 mai, dans l’Isère. Nelissa avait 56 ans et, comme nombre de victimes de féminicides, est morte d’avoir voulu rompre avec son compagnon, selon les informations du Dauphiné Libéré. Selon l’étude des morts au sein du couple du ministère de l’Intérieur, 26% des féminicides commis en 2023 l’ont été «dans le contexte d’une séparation non acceptée». Cette femme originaire des Philippines, qui attendait la retraite pour retrouver sa famille, était en instance de divorce. Après vingt-cinq ans de vie commune, le couple était séparé depuis trois ans. Retrouvée inconsciente par son fils, dans son appartement de Pont-de-Beauvoisin, la quinquagénaire n’a pas pu être réanimée par les secouristes. Elle a été étranglée.
«Aucune plainte pour violences au sein du couple n’avait été signalée avant ces faits. Le couple était jusqu’à présent inconnu des services de police ou de gendarmerie, et ne faisait l’objet d’aucun suivi particulier», a précisé, samedi dans un communiqué, le parquet de Bourgoin-Jallieu, cité par le journal. Le suspect a été rapidement interpellé vendredi, puis placé en garde à vue, dans le cadre d’une enquête pour «meurtre sur conjoint», ouverte par le parquet. Selon le Dauphiné libéré, cet homme aurait reconnu les faits en audition. Le couple était parent de deux enfants majeurs, pris en charge par la cellule d’urgence médico-psychologique de Lyon.
Un mandat de recherche délivré
Quelques heures plus tard, dans la nuit de vendredi à samedi, une femme de 46 ans, dont le prénom n’est pas connu, a été rouée de coups à son domicile de Grand-Lemps, totalement dévasté. «Son ex-conjoint, mis en cause dans le cadre de cette affaire, est activement recherché», indique le parquet de Bourgoin-Jallieu à la radio Ici Isère. Un mandat d’arrêt a été délivré contre celui qui est suspecté de l’avoir laissé pour morte. Il ne présente «aucun antécédent judiciaire relatif à des faits de violences intra-familiales».
Cette femme avait été transportée en urgence absolue à Voiron avec un pronostic vital engagé. Toujours hospitalisée en soins intensifs, son état s’est depuis amélioré. En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur. Fin avril, 47 femmes tuées en raison de leur genre ont été recensées depuis début 2025 par le décompte militant de l’Inter Orga féminicides.
Si ces données sont moins médiatisées, les tentatives d’homicides au sein du couple ont significativement augmenté depuis 2019. 451 ont été recensées en 2023, soit 12% du total des tentatives d’homicides. Parmi ces victimes, 327 sont des femmes. Quatre ans plus tôt, 268 tentatives d’homicides avaient été rapportées (9% du total).