En résumé :
- Deux ans après son abrogation fédérale aux Etats-Unis, députés et sénateurs français ont inscrit ce lundi 4 mars dans la Constitution «la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse». Libération vous explique le déroulé de cette journée historique.
- Pour remporter cette «victoire parlementaire et féministe», selon la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, il a fallu s’armer de patience, batailler, accepter de s’effacer, faire fi des étiquettes partisanes, lever des doutes. Retour sur un succès historique porté par l’obstination et le combat transpartisan de femmes politiques de gauche et de la majorité.
- Sur les sujets sociétaux, le spectre des excès de Christine Boutin hanterait-il toujours la droite ? Malgré leurs réticences, les députés et sénateurs Les Républicains ont majoritairement voté au Parlement pour l’inscription de l’avortement dans la Constitution, en raison d’une opinion publique largement favorable et de l’héritage de Simone Veil.
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#IVG : Victoire
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La gauche veut maintenant garantir l’IVG au niveau européen. Dans la foulée de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a annoncé le dépôt d’un texte pour enjoindre au gouvernement de faire inscrire ce droit dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE. «Nous allons fêter une victoire historique et dès demain nous allons repartir au combat», a lancé la députée devant les journalistes, visiblement émue après le vote. Sa proposition de résolution, qui n’aurait pas de valeur contraignante en cas d’adoption, appelle le gouvernement à «se mobiliser diplomatiquement auprès des États membres de l’Union et de la Commission européenne afin que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne garantisse le droit à l’avortement». La sénatrice écologiste Mélanie Vogel, très engagée pour la constitutionnalisation de l’IVG, a aussi plaidé après le vote au Congrès pour porter ce droit au niveau européen, et l’inscrire dans la Charte des droits fondamentaux. Une proposition également soutenue par les sénateurs socialistes.
Quelques centaines de personnes ont passé la journée de ce lundi 4 mars aux abords du château de Versailles pour faire pression jusqu’au bout sur les parlementaires et dénoncer l’inscription de l’avortement dans la Constitution. Lire notre reportage.
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Le Congrès appose un premier sceau...
... avant une cérémonie publique de scellement vendredi 8 mars. Dans son message saluant l’inscription de l’IVG dans la Constitution, Emmanuel Macron annonce une cérémonie de scellement pour la première fois ouverte au public le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Prolongement d’une tradition française qui remonte aux Mérovingiens, cette cérémonie consistant à déposer un sceau sur le texte se déroule au ministère de la Justice. La presse qui permet d’y procéder - une machine de 300 kilos, qui avait été commandée en 1810 par Cambacérès - se trouve d’ailleurs en permanence dans le bureau du ministre-garde des Sceaux, aujourd’hui Eric Dupond-Moretti. Destinée historiquement à garantir l’authenticité d’un écrit, l’apposition du sceau ne constitue plus une obligation pour assurer la validité d’une loi. Elle a été remplacée par la publication au Journal officiel. Après la cérémonie prévue vendredi à midi place Vendôme à Paris, le texte sera baptisé «loi constitutionnelle du 8 mars 2024».
Au Trocadéro, la liesse et les larmes. Au Trocadéro, des cris de joie, voire des larmes, rompent le silence lorsque le résultat positif du vote au Congrès finit par tomber. Au milieu d’une foule qui s’enlace allègrement, Youssra, d’origine tunisienne et naturalisée Française depuis un an, confie son émotion : «A ce moment précis, je pense aux femmes de mon pays d’origine et à celles du monde entier. J’aimerais leur dire que le combat n’est jamais gagné, mais qu’il n’est pas non plus impossible : la preuve aujourd’hui.» Par Léo Thiery, au Trocadéro.
La tour Eiffel illuminée pour saluer la constitutionnalisation de l’IVG. Dès l’annonce de l’inscription dans la loi fondamentale française de l’interruption volontaire de grossesse, la tour Eiffel s’est mise à scintiller. Des inscriptions lumineuses en plusieurs langues sont également apparues au premier étage du célèbre monument, comme #AbortoLegal (« avortement légal » en portugais) ou #MyBodyMyChoice (« mon corps mon choix » en anglais). Et, bien sûr, en français : #MonCorpsMonChoix.
Une majorité plus large que ce qu’auguraient les votes à l’Assemblée et au Sénat. Sortons les calculatrices. 780 parlementaires en faveur de l’inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » pour les femmes de pouvoir pratiquer une IVG, c’est 20 de plus qu’à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il faut attendre encore quelques minutes pour savoir qui a modifié son vote entre le passage du projet de loi constitutionnelle entre Paris et Versailles. A droite, certains expliquaient qu’ils pourraient changer d’avis afin d’offrir une victoire et renforcer ce droit pour les femmes.
Emmanuel Macron salue «fierté française», un «message universel».
Fierté française, message universel.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 4, 2024
Célébrons ensemble l’entrée d’une nouvelle liberté garantie dans la Constitution par la première cérémonie de scellement de notre histoire ouverte au public.
Rendez-vous ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes. pic.twitter.com/dcwniEPei4
A Versailles, les anti-IVG déposent des bougies en guise de «deuil».
"En deuil", les anti-avortement sonnent le glas et déposent des bougies à côté du château de Versailles. La "liberté garantie à la femme d'avoir recours à l'avortement" vient d'être inscrit dans la Constitution. @libe pic.twitter.com/VoV51NuWnz
— Julien Lecot (@JulienLecot) March 4, 2024
Le Congrès adopte l’inscription dans la Constitution de «la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’IVG». Yaël Braun-Pivet proclame les résultats : 780 parlementaires ont voté pour l’inscription dans la Constitution de «la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’IVG» sur 852 votes exprimés, soit plus de 90% des suffrages exprimés. La majorité nécessaire des 3/5e était à 512 voix. Seuls 72 députés et sénateurs ont voté contre le projet de loi constitutionnelle.
Chez les anti-IVG, on déprime à l’approche du verdict. Les bougies sont allumées et les roses blanches ont été déposées par terre, devant une pancarte sur laquelle des échographies ont été collées. Dans un coin, près d’un arbre, une dizaine de jeunes prient. Comme depuis le début d’après-midi, le glas sonne en boucle sur la sono. Chez les anti-IVG, réunis près du château de Versailles, le vote enterinant l’inscription de l’accès a l’avortement dans la constitution est vécu comme un deuil. «Le chemin de l’honneur c’est de ne jamais devenir un collabo de la culture de mort, balance au micro, pour la deuxième fois de la journée, le président de la Marche pour la vie, a l’origine du rassemblement. Quelle honte.» Par Julien Lecot, à Versailles.
Sophie Binet à Emmanuel Macron : «Votre tâche ne s’arrête pas là !» En attendant le résultat du vote, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prend la parole sur la scène installée au Trocadéro : «Ce vote est un message fort envoyé à toutes les forces obscures qui veulent prendre possession du corps des femmes». Avant d’interpeller directement Emmanuel Macron. «Monsieur le Président, votre tâche ne s’arrête pas là, vous avez désormais la responsabilité de porter l’inscription de l’IVG dans la constitution européenne. […] Mais également d’aboutir à l’effectivité concrète de ce droit fondamental en France, ce qui n’est toujours pas le cas». Par Léo Thiery, place du Trocadéro à Paris.
La présidente du Congrès clôt la séance. Les parlementaires se retirent dans des salles adjacentes pour participer au vote et glisser des bulletins dans des urnes. Les résultats sont attendus autour de 18 h 35 - soit 45 minutes après la clôture de la séance.
«Même dans les grandes démocraties, le retour en arrière est possible», rappelle Elsa Faucillon. Pour la députée communiste Elsa Faucillon, la constitutionnalisation de l’IVG «est loin de n’être qu’un symbole» car «nous savons que même dans les grandes démocraties, le retour en arrière est possible», explique-t-elle. Puis l’élue des Hauts-de-Seine s’adresse aux anti-IVG qui ont usé de tous les moyens pour tenter d’entraver le processus. «À ceux qui nous ont adressé des fœtus en plastique, des fascicules faisant parler les embryons, qui ont comparé l’avortement à un meurtre, sachez que vous avez décuplé la force des féministes. Sachez que vous avez perdu», lance Elsa Faucillon. «Alors pour nos mères, nos filles et nos sœurs d’ici et d’ailleurs, nous affirmons maintenant et ici que le droit à disposer de son corps est un droit fondamental et qu’il est essentiel à la liberté individuelle», poursuit-elle. Mais le combat n’est pas fini, assure la députée. «Parce que nous ne savons que trop bien que ce vote historique aujourd’hui entraînera aussi, dès demain, son lot de son lot de contre-offensive réactionnaire, […] dès demain, et soyons nombreuses le 8 mars pour la grève féministe, pour de nouvelles conquêtes féministes pour l’égalité salariale, et pour que nos luttes se transforment en victoire.»
«Le combat féministe n’est jamais terminé», selon Cyrielle Chatelain. Une allocution au ton grave, puis tout à coup, un sourire. «Aujourd’hui savourons cette loi qui marque un nouveau jalon dans l’histoire de France, une nouvelle conquête dans la lutte des femmes», lance la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale Cyrielle Chatelain. Cette victoire n’aurait pu être possible sans «les milliers de militantes qui ont marché, fait signer des pétitions, tenu des stands pour dire dans toute la France : nous devons faire entrer l’IVG dans la Constitution», estime-t-elle. «Cette constitutionnalisation de l’IVG c’est votre victoire», leur lance-t-elle. Avant un message à «[ses] filles, à toutes les femmes de France, à toute personne qui un jour se posera la question : Est-ce que je peux le garder ? Est-ce que je veux le garder ?». «Nous, le Parlement, nous vous le garantissons : Nul ne peut vous contraindre, nul ne peut vous forcer, vous intimider, vous obliger. Vous êtes les maîtresses de votre destin», ajoute-elle rappellent que «le combat féministe n’est jamais terminé».
Mélanie Vogel salue «une victoire» qui ne pouvait être que «sorore et collective». Tout de blanc vêtue en hommage aux suffragettes, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel souligne le chemin qui a été fait pour en arriver à la constitutionnalisation de l’IVG. «Toutes les victoires féministes sont des combats qui semblaient perdus d’avance. […] Il y a un an et demi, quand j’ai proposé à mes collègues au Sénat de mettre au vote une loi transpartisane pour constitutionnaliser le droit à l’IVG, beaucoup m’ont dit “mais tu sais n’est-ce pas que c’est impossible ? Jamais le Sénat ne votera pour mettre l’IVG dans la Constitution”», retrace-t-elle. «Mais nous les féministes, quand on ne lâche rien, à la fin on gagne», poursuit-elle. A la tribune, la sénatrice rend hommage au coté transpartisan du cheminement. «Du 17 janvier 1975, l’Histoire a retenu Simone Veil. Je voudrais ici formuler un vœu : que du 4 mars 2024, l’Histoire ne retienne pas un nom. Car la démonstration que nous avons faite, avec Mathilde Panot, avec Aurore Bergé, avec Laurence Rossignol, avec Dominique Vérien, avec Laurence Cohen, avec Elsa Schalk, avec ces femmes qui ont choisi dans ce combat, l’intérêt général par dessus toute autre considération, c’est que la victoire ne pouvait être que sorore et collective», clame-t-elle.
Le sénateur et médecin Claude Malhuret raconte «le temps des avortements clandestins qui se terminent mal». A la tribune, le sénateur Claude Malhuret (Les Indépendants), ancien président de Médecins sans frontières, a raconté son expérience de «médecin-chef d’un petit hôpital dans un coin perdu d’un pays du Sud». «J’ai vu surgir dans mon bureau une jeune femme 17, 18 ans peut être, dont je me rappellerai toujours le visage», débute-t-il. «Une expression mêlée de terreur et d’incompréhension dans le regard, les cheveux décoiffés, les vêtements de travers, comme si elle venait de se lever» alors qu’un voisin «avait découvert le cadavre d’un nouveau-né à peine enfoui dans le sol». «J’étais pétrifié. Il s’agissait d’un infanticide, bien sûr […] Mais je savais aussi parfaitement pourquoi cette jeune femme était là, dans un pays comme tant d’autres où fille-mère, c’était le mot de l’époque, signifiait bannissement social et déshonneur, reprend-il. Pour la famille, l’avortement était interdit et sévèrement. Et d’ailleurs, comment cette quasi-enfant aurait-elle pu se confier à quiconque pour trouver une faiseuse d’anges ?» «Des histoires comme celle-là, je pourrais vous raconter d’autres. J’ai vu le temps des avortements clandestins qui se terminent mal, des condamnations, des stérilités définitives. Chez nous, aujourd’hui, ces histoires n’existent plus», souffle Claude Malhuret.
Au Trocadéro, on salue «un signal fort envoyé au monde entier». Élisa étudiante de 19 ans en licence de mathématiques est émue devant la scène historique qui se déroule sous ses yeux, depuis la place du Trocadéro à Paris. «Cette inscription dans la Constitution, c’est un signal fort envoyé au monde entier et aux réactionnaires de tout bord qui voudraient contrôler nos corps. Ma mère s’est battue toute sa vie pour le droit à l’avortement, elle n’est plus là pour voir cette page historique s’écrire, alors je suis aussi venue pour elle.» Par Léo Thiery, place du Trocadéro à Paris.
A Versailles, devant les anti-IVG : «j’ai l’impression d’être chez les fous». Estelle lève les yeux au ciel et met ses mains devant sa bouche quand elle entend les manifestants anti-IVG, réunis près du château de Versailles, passer une bande-son où un fœtus parle à sa mère et la dissuade d’avorter. Pendant les prises de parole, qui comparent l’avortement à un génocide, cette blonde de 23 ans piétine en tirant compulsivement sur sa clope. A l’abri des regards, celle qui passait là par hasard avec un copain de promo fulmine : «Ce qu’ils font c’est dégueulasse et régressif. Je ne comprends pas : c’est le droit d’avorter, on ne force personne à le faire. Toutes les femmes qui sont là, si elles veulent pondre leurs marmots, elles peuvent le faire, personne ne les en empêche ! J’ai l’impression d’être chez les fous, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde.» Par Julien Lecot, à Versailles.
Dominique Vérien salue le «courage de surpasser des clivages politiques». A la tribune, la sénatrice du groupe Union centriste et présidente de la Délégation aux Droits des Femmes du Sénat salue le «courage de surpasser des clivages politiques pour être attentifs aux demandes d’un peuple et être au rendez-vous de son histoire». S’adressant à ses collègues députés et sénateurs, elle lance : «Merci d’avoir contribué à ouvrir le débat et à faire de ce moment un grand temps démocratique à un moment dont notre Parlement sort grandi, à un moment où notre nation sort renforcée. Remercions aussi ceux qui ont su écouter, que ce soit nous qui sommes leurs collègues, mais aussi chez eux, leurs mères, leurs filles, leurs femmes, leurs sœurs, leurs compagnes.»
«Dès demain il faudra continuer à lutter». Au Trocadéro à Paris, où sont rassemblés des féministes suivant les discours, certains s’agacent. Alyssa, 37 ans, trouve que le discours du député Renaissance Sylvain Maillard sonne creux. «C’est beau, c’est bien écrit c’est sûr, mais on n’oublie pas l’inaction sur les féminicides, l’inaction sur les VSS, l’inaction sur l’égalité salariale. Partout les moyens manquent et les comptes n’y sont pas. Alors oui c’est une journée et une avancée historique mais dès demain il faudra continuer à lutter pour que ce gouvernement d’hypocrites agisse.» Par Léo Thiery, place du Trocadéro à Paris.
Après la constitutionnalisation, la lutte contre les obstacles d’accès à l’IVG au cœur de certains discours. Abattant les barrières partisanes, les voix s’entremêlent pour se projeter sur l’après constitutionnalisation. Comme durant les débats parlementaires, la question des obstacles à l’accès à l’IVG ponctue un grand nombre de discours pour que cette victoire ne soit pas une fin. «Nous continuerons à nous battre pour abolir la double clause de conscience», a martelé la cheffe de groupe des députés LFI Mathilde Panot, déplorant aussi qu’«une femme sur 4 doit changer de département pour mettre fin à une grossesse non désirée». Quelques minutes plus tôt, la sénatrice Laurence Rossignol faisait passer le même message : «Qu’allons nous faire maintenant ? Est-ce que les féministes vont désormais partir en vacances ? Et ben non, nous continuerons.» Dans une réinterprétation toute subjective de leur histoire, le sénateur LR François-Noël Buffet a aussi osé : «Le groupe LR s’inquiète depuis longtemps des difficultés d’accès à l’IVG.» Par Marlène Thomas, à Versailles.
La droite inquiète d’une «brèche» dans le délai pour recourir à l’IVG. A la tribune, Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée, a relayé les craintes d’une partie de la droite : que l’inscription de l’IVG dans la Constitution n’ouvre une «brèche» dans la question du délai autorisant une IVG. En France, l’avortement peut être pratiqué jusqu’à la fin de la 14e semaine de grossesse - soit 16 semaines après le 1er jour des dernières règles, et la droite refuse de voir ce délai rallongé. Concluant un discours plus juridique que politique, le député d’Eure-et-Loir a assuré que «ce vote, nous le devons à la liberté des femmes». «Autour de nous, il y a la restriction du droit à l’avortement, a-t-il ajouté. Ces menaces ne peuvent pas nous laisser indifférents.» Par Victor Boiteau, à Versailles.
Pour Mélenchon, Attal est un «minable petit» qui «invisibilise le rôle des insoumis» dans la constitutionnalisation de l’IVG.
Attal, minable petit, invisibilise le rôle des insoumis et de la présidente @MathildePanot dans la décision d'aujourd'hui. Sexisme et sectarisme typique d'un homme sans consistance qui n'a jamais mené aucun combat de long terme.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 4, 2024
La députée LFI Mathilde Panot vante une «victoire fondatrice». C’est elle qui avait déposé la proposition de loi, adoptée en 2022 à l’Assemblée, après la remise en cause du droit à l’IVG à l’Assemblée. Au Congrès, Panot salue «des décennies de combats de militantes, de collectifs», et cite Gisèle Halimi, Simone Veil, Simone de Beauvoir, les signataires du Manifeste des 343. «Il pèse toujours sur le droit des femmes des menaces de régression», lance-t-elle, évoquant la Pologne notamment. Au perchoir, l’élue porte une tenue verte, en soutien aux féministes luttant, en Argentine, pour le droit à l’avortement, sur lequel le nouveau président Javier Milei veut revenir. Par Victor Boiteau, à Versailles.
Laurence Rossignol salue «la victoire d’un long combat». Au tour de la sénatrice socialiste Laurence Rossignol de prendre la parole. «Quelle victoire, quel bonheur, quelle fierté», commence l’élue saluant «la victoire dans le long combat que mène la France contre l’obscurantisme». «Notre vote va réparer quelques pages noires de l’histoire. Nous allons réhabiliter toutes les femmes poursuivies, condamnées voire guillotinées» pour avoir avorté ou fait avorter, poursuit la sénatrice. Cette «sécurisation» de l’IVG dans la Constitution est «une victoire de la société civile». «Nous la devons aux féministes qui ont maintenu sur le parlement et l’exécutif une pression constante jusqu’à ce que le président de la République prenne le relais», développe-t-elle. Mais le combat n’est pas fini, promet la socialiste : «nous allons continuer pour toutes les femmes qui n’ont pas notre chance et n’ont pas accès à l’avortement, à celles qui résistent à Trump, à Bolsonaro, à Orban, à Milei, à Poutine, à Giorgia Meloni, aux mollahs et aux dictateurs théocratiques.»
La première intervention du RN chahutée. Hélène Laporte, vice-présidente RN de l’Assemblée, n’a pas traîné pour glisser le mot «islamisme» dans son discours, suscitant des réprobations dans la salle du Congrès - et des applaudissements des troupes RN. L’élue d’extrême droite a également assuré qu’en «aucun cas il ne serait envisageable de revenir sur cette liberté» qu’est le droit à l’avortement. La députée du Lot-et-Garonne a conclu son discours en citant Simone Veil, récoltant d’autres condamnations bruyantes. «Laissez-la tranquille !», lance une parlementaire. Par Victor Boiteau, à Versailles.
Pour Sylvain Maillard, la France prouve «sa vocation universelle». Premier à prendre la parole après le Premier ministre, le président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard, estime qu’avec «cette réforme constitutionnelle», «la France prouve une nouvelle fois sa vocation universelle».
La tour Eiffel va célébrer l’inscription de l’IVG dans la Constitution. La Dame de Fer s’apprête à saluer un évènement historique. «Un message spécifique sera projeté sur la Tour avec scintillement spécial à 18 h 30, heure du vote» de l’inscription dans la Constitution de l’IVG, fait savoir la Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete). Puis il y aura une «poursuite de la projection avec scintillement habituel», c’est-à-dire «toutes les cinq premières minutes de chaque heure», le reste de la soirée.
Chez les anti IVG, Attal copieusement hué. Sur les enceintes installées à la hâte par les anti-IVG à quelques rues du palais de Versailles, on diffuse le discours de Gabriel Attal au congrès. Quand le Premier ministre se félicite de l’inscription a venir de l’IVG dans la Constitution, rend hommage aux associations féministes ou à celles et ceux qui se sont battus par le passé pour que l’avortement soit un droit, on hue à plein poumons. Rapidement, son discours est coupé. «Je ne pense pas que ça nous apporte grand-chose», lâche-t-on au micro. On préfère, à la place de Gabriel Attal, faire passer une bande-son où un enfant, d’une petite voix, parle a sa mère : «Oh maman, sois courageuse. Je t’en prie, n’écoute que ton âme. Je ne suis qu’une petite chose dans ton ventre qu’une sonde peut décrocher.» Par Julien Lecot, à Versailles.
A côté du château de Versailles, pendant les prises de paroles au congrès, les anti-IVG passent des spots où un embryon parle à sa mère enceinte. On demande aussi à des enfants de tenir a bout de bras des pancartes de fœtus et on sonne le glas. @libe pic.twitter.com/m2I6XnQgaR
— Julien Lecot (@JulienLecot) March 4, 2024
«Nos libertés sont par essence menacées», dit Attal. A la tribune, le Premier ministre tente de tordre le cou au principal argument des opposants à la constitutionnalisation de l’IVG, qui affirment que le droit n’est pas menacé. «Beaucoup semblent dire que l’IVG ne serait pas menacée […] comme si ce qui était acquis l’était pour toujours, je le réfute. Oui, la liberté d’avorter reste menacée, nos libertés sont par essence menacées», affirme Attal. Ce texte «est un rempart aux faiseurs de malheur», poursuit-il, soulignant que «lorsqu’on veut s’en prendre aux libertés d’un peuple, c’est toujours par celle des femmes qu’on commence». Et il ajoute : «Aujourd’hui, la France est pionnière. Vous dire au monde que la France est fidèle à son héritage […]. Ce n’est pas seulement les femmes que vous honorez, c’est la France».
Gabriel Attal rend hommage aux associations féministes. «La marche du progrès a fait son office», poursuit Gabriel Attal en rendant hommage «à toutes les associations qui ont œuvré et œuvrent encore pour les droits des femmes et en premier lieu pour leur droit à disposer de leur corps». Applaudissements nourris de l’hémicycle. Si le congrès a très largement applaudi et ovationné la mémoire de Simone Veil, et les héritières qui ont consolidé ou élargi l’accès à l’IVG, le couplet de Gabriel Attal vantant, au pupitre, le bilan de l’exécutif et le slogan collé par le président de la République sur l’égalité femmes-hommes «grande cause du quinquennat» sont accueillis plus froidement par les parlementaires. Pas d’applaudissements… Par Laure Equy, à Versailles.
Pour les anti-IVG, «un jour de deuil». «Alors que les ténèbres ont envahi les esprits, nous gardons nos lampes allumées.» Au micro, place Hoche à Versailles, Nicolas Tardy Joubert, le président de la Marche pour la vie, multiplie les envolées lyriques. Et les comparaisons plus grossières les unes que les autres. «Le chemin de l’honneur c’est de ne jamais devenir un collabo de la culture de mort, dit-il. Pour nous c’est un jour de deuil, c’est pour ça que vous entendrez sonner le glas. La peine de mort a été supprimée pour les coupables et va être rétablie pour les enfants.» Son discours est chaudement applaudi par les quelques centaines de personnes venues dénoncer l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Quand une jeune femme, probablement pas encore majeure, passe leur quémander de l’argent pour «continuer le combat», nombreux sont ceux qui lui filent un billet. Juste derrière la scène, sur les bancs de la place, on a peint en lettres bleues avant l’arrivée des manifestants : «Mon corps, mon choix.» Par Julien Lecot, à Versailles.
A deux rues du château de Versailles, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées contre l'inscription de l'IVG dans la constitution.
— Julien Lecot (@JulienLecot) March 4, 2024
On y compare l'avortement à un "génocide" et on dénonce le "rouleau compresseur idéologique" des "pseudo féministes". @libe pic.twitter.com/EtHW14SyM5
«Nous avons une dette morale» envers toutes les femmes qui «ont souffert dans leur chair», estime Gabriel Attal. Au tour de Gabriel Attal de prendre la parole. Le Premier ministre commence par un hommage à l’avocate Gisèle Halimi qui plaida, en 1972, pour que les femmes aient accès à l’IVG. «L’homme que je suis ne peut imaginer vraiment la détresse qu’ont pu connaître ces femmes privées de la liberté de disposer de leur corps des décennies durant. L’homme que je suis ne peut imaginer vraiment la souffrance physique d’alors, quand l’avortement était synonyme de clandestinité honteuse, de douleur innommable et de risque fatal», poursuit-il. Selon le locataire de Matignon : «Aujourd’hui, le présent doit répondre à l’histoire». Puis ajoute : «nous avons une dette morale» envers toutes les femmes qui «ont souffert dans leur chair».
«Le combat ne fait que commencer […]» Devant le discours du Premier ministre Gabriel Attal retransmis sur écran géant au Trocadéro, Josie 85 ans et 50 ans de militantisme ininterrompu se dit enchantée par l’entrée de cette liberté garantie dans la constitution. Mais affirme qu’il ne s’agit pas d’une fin en soi : «ce vote s’inscrit dans le sillage de milliers de femmes qui ont été effacées et ont parfois laissé leur vie dans ce combat». Pour cette taulière de la lutte féministe qui garde précieusement sa première carte d’adhérente au Planning Familial datée de 1966, «le combat ne fait que commencer tant les forces anti-IVG continueront de tenter de porter atteinte à ce droit désormais inaliénable».
Yaël Braun-Pivet salue «une France à l’avant-garde». La présidente du Congrès, émue, ouvre la séance en soulignant les évolutions à travers les âges de la place des femmes en politique. «Pour la première fois de notre histoire, le Congrès du Parlement est présidé par une femme», débute-t-elle. Elle qui quelques instants plus tôt traversait une galerie composée de «bustes d’hommes exclusivement». L’élue des Yvelines adresse une pensée à Simone Veil, «elle qui s’excusait de partager sa conviction de femme dans une Assemblée quasiment exclusivement composée d’hommes». Mais, «il reste tant à faire sur le terrain de l’égalité et les violences faites aux femmes» estime Braun-Pivet. Et d’ajouter : «La France serait-elle à contrecourant ? Non, elle est à l’avant-garde. Elle est à sa place. C’est là sa mission et elle est attendue.»
Le Vatican réitère son opposition à l’IVG. Ce lundi, le Vatican a réaffirmé son opposition à tout «droit à supprimer une vie humaine», au moment d’un vote historique du Congrès pour inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution française. «A l’ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de «droit» à supprimer une vie humaine», a affirmé dans un communiqué l’Académie pontificale pour la Vie, organe du Vatican chargé des questions bioéthiques, soutenant la position des évêques de France.
Violet, blanc et vert, les couleurs de la lutte féministes colorent Versailles. Il y a trois écoles ce lundi à Versailles. Ponctuant les ternes costumes noirs, gris et bleus, le violet, blanc et vert, trois couleurs symboliques du féminisme se disséminent dans les tribunes en velours rouge du Congrès. Les écolos avaient donné la consigne ce sera blanc, en hommage aux suffragettes. D’autres ont opté pour le violet, autre couleur phare du combat de ces militantes du XIXe siècle. Les militantes féministes du Planning familial et de la Fondation des femmes ont, elles, opté pour le vert, devenu symbole de la lutte pour le droit à l’avortement sur l’impulsion du mouvement massif argentin de 2020. Une couleur pour laquelle a aussi opté la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.
L’hémicycle se garnit. La salle du Congrès se remplit petit à petit, sous l’œil des ministres à la tribune du premier étage. Au premier rang, siègent Aurore Bergé, Gabriel Attal, Éric Dupond-Moretti et Gabriel Attal, le Premier ministre étant le seul à s’exprimer pour le gouvernement. A côté de Gabriel Attal, sur un autre banc, Gérard Larcher, qui se fait discret.
Raquel Garrido, arrive en blanc pour ce «grand jour», avec Sandrine Rousseau, qui avait aussi annoncé ce dress code. «C’est un message des législateurs d’aujourd’hui aux législateurs ordinaires de demain. C’est une limite qui leur est posée pour leur dire que nous considérons ce droit inaliénable», affirme la députée Insoumise. Le fait de pouvoir avorter est un corollaire nécessaire à notre émancipation. La société nous dit que ce choix fondamental est légitime.»
A deux rues du château de Versailles, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées contre l'inscription de l'IVG dans la constitution.
— Julien Lecot (@JulienLecot) March 4, 2024
On y compare l'avortement à un "génocide" et on dénonce le "rouleau compresseur idéologique" des "pseudo féministes". @libe pic.twitter.com/EtHW14SyM5
D’anciennes ministres de l’Egalité dans les tribunes. Elles sont venues en nombre et comme un symbole se sont assises ensemble dans les tribunes du Congrès à Versailles. Najat Vallaud-Belkacem, Elisabeth Moreno et Isabelle Rome, toutes les trois passées par le ministère délégué à l’égalité entre les femmes et les hommes entre 2014 et 2023, sont aux premières loges pour assister au dernier vote visant à inscrire l’IVG dans la Constitution. A leurs côtés, Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du Haut conseil à l’égalité (et à ce titre également locataire de l’hôtel du petit Monaco) est également présente.
Aurore Bergé, dans le couloir attenant la salle du Congrès, enchaîne les selfies et les embrassades avec les parlementaires de la majorité. «C’est implacable : lorsque les réactionnaires arrivent au pouvoir, ils touchent aux droits des femmes et à l’avortement. On n’est jamais à l’abri», prévient l’ex-députée Renaissance qui avait déposé une Proposition de loi constitutionnelle en 2022 pour inscrire l’IVG dans la Constitution. Aujourd’hui, la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes raconte avoir discuté de la constitutionnalisation avec son homologue polonaise, la semaine dernière : «Elle m’a dit que s’ils avaient pris une telle mesure lorsqu’ils en avaient encore l’opportunité, ils n’en seraient pas là dans leur pays aujourd’hui.» Aurore Bergé, qui a invité sa mère en tribune du Congrès ajoute : «aujourd’hui, on consolide un droit chèrement acquis».
Pour Hervé Marseille, «l’opinion a déjà voté». Le patron des sénateurs centristes, opposés à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, estime que l’opinion publique, très majoritairement favorable à la révision constitutionnelle, a pesé sur le choix de ses collèges. «Les élus sont partis en vacances parlementaires en étant flottants, dit-il à Libé. Il y a eu la pression locale, les amis, la famille…» Le sénateur des Hauts-de-Seine, contrairement à certains de ses collègues, ne changera pas d’avis au moment de voter.
Gabriel Attal est arrivé au Château de Versailles. Le Premier ministre Gabriel Attal est arrivé au Congrès de Versailles avec le fils de Simone Veil.
«Un fœtus qu’on laisse vivre ne devient pas un canard». Sur la place Hoche, à deux rues d’un château de Versailles lourdement gardé, une centaine de personnes se sont rassemblées pour s’opposer à l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution. Dans la petite assemblée, chacun porte une rose blanche et les mines sont fermées. «Quelle garantie pour les soignants de ne pas TUER des petits humains dans le sein de leurs mères ?», a écrit une femme d’une soixantaine d’années sur une pancarte qu’elle tient à bout de bras. Une autre, un peu plus jeune, compare, elle, le vote du jour a une inscription du «droit au génocide dans la constitution». Sur le bout de carton qu’elle brandit face aux médias, il est écrit : «Un fœtus qu’on laisse vivre devient un enfant, il ne devient pas un canard. Un fœtus est un humain. Français réveillez-vous.» En fond sonore, la sono diffuse une musique de coches d’églises, qui sonnent comme pour un enterrement.
Les parlementaires arrivent à Versailles. Le défilé des députés et sénateurs se poursuit dans la galerie des bustes du Château de Versailles. L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne est passée il y a quelques minutes, en coup devant la presse. Les parlementaires favorables à la révision constitutionnelle se réjouissent d’une journée «historique», d’autres se font plus discrets - à l’instar de plusieurs députés du RN. Chacun cherche sa place dans l’hémicycle de la salle du Congrès, en regardant les noms inscrits sur des panneaux. Les parlementaires seront assis par ordre alphabétique et non par groupe politique.
Élisabeth Borne, fière de voter l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Interviewée par Public Sénat avant le vote au Congrès, l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, redevenue députée de la 6e circonscription du Calvados, a estimé qu’il était important d’inscrire ce droit dans la constitution. Elle s’est dite «très fière» de pouvoir voter l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution. «Quand on voit la montée des populismes partout, je pense que c’est important d’inscrire ce droit dans la constitution», évoquant notamment la décision de la Cour suprême américaine en juin 2022 d’abroger le droit constitutionnel à l’avortement.
Une campagne européenne pour renforcer le droit à l’avortement. La victoire de la constitutionnalisation de l’IVG désormais quasiment acquise, les associations féministes envisagent déjà les prochaines batailles. A commencer par celle de l’Union européenne. «Une campagne va sortir avec plusieurs pays européens pour faire en sorte que les femmes puissent notamment avorter partout avec la carte d’assurance maladie de l’UE», a annoncé Sarah Durocher, présidente du Planning familial lors d’une conférence de presse. Une pétition vise à récolter 300 000 signatures. Dans un communiqué annonçant cette «nouvelle alliance», envoyé après le vote du Sénat Nika Kovac, directrice fondatrice de l’ONG 8th of March Research Institute, déclarait : «La liberté [des femmes, ndlr] à disposer de leurs corps est une valeur commune à tous les pays d’Europe. Nous sommes ici pour exiger qu’elle devienne aussi un droit pour tous dans la pratique.»
Les insoumis aussi…
Direction Versailles ✊
— Sébastien DELOGU (@sebastiendelogu) March 4, 2024
L'Histoire nous appelle, les Insoumis arrivent 🔥#IVGDansLaConstitution #LoiPanot#Melenchon pic.twitter.com/06WiZNlyN7
Les sénateurs socialistes en route vers Versailles.
Direction le Congrès pour inscrire l’IVG dans la Constitution! #IVG #DroitsDesFemmes #Congrès @publicsenat pic.twitter.com/6wUdOt6UTY
— Rémi Cardon (@Cardon_Remi) March 4, 2024
«La France va briller pour de bonnes raisons», un combat au retentissement international. Initié dans la foulée du renversement de l’arrêt Roe v Wade aux Etats-Unis, torpillant 50 ans de protection fédérale du droit à l’avortement, ce projet de constitutionnalisation entend également envoyer un message international. Un objectif en partie atteint : «Depuis un an et demi, on a des sollicitations de militantes féministes à l’international», a fait remarquer la présidente du Planning Sarah Durocher, lors d’une conférence de presse ce lundi matin. «C’est une victoire pour nous et dans les yeux de certaines militantes féministes ça donne aussi beaucoup d’espoir. Ça peut donner envie à d’autres gouvernements de constitutionnaliser», a-t-elle espéré en rappelant l’offensive conservatrice attaquant le droit des femmes à disposer de leurs corps aux quatre coins du monde. La présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert a appuyé : «La France va briller pour de bonnes raisons.»
Simone Veil, 26 novembre 1974 : l’histoire d’un discours pour l’IVG. La page est jaunie et trouée d’une brûlure de cigarette. Signe de l’appréhension de l’oratrice peu avant son discours à l’Assemblée, le 26 novembre 1974, ou simple étourderie d’une ministre de la Santé qui fumait beaucoup ? Du 8 mars au 2 septembre 2024, les Archives nationales exposent à Paris quelques pages du célèbre discours de Simone Veil défendant son projet de réforme de la législation sur l’avortement. Sur le document dactylographié, de fines lignes rouges marquent les pauses – «un arrêt», «grand arrêt (verre d’eau)» – et soulignent les passages sur lesquels insister : «La situation actuelle est mauvaise. Je dirai qu’elle est déplorable et même dramatique» ; «C’est à ce désordre qu’il faut mettre fin. C’est cette injustice qu’il convient de faire cesser.» Plus d’infos ici.
Comment les femmes ont gagné la bataille au Parlement ? Deux ans après son abrogation fédérale aux Etats-Unis, les parlementaires français, réunis en Congrès ce lundi à Versailles, s’apprêtent à sanctuariser la liberté d’avorter dans la Constitution. Le résultat historique de l’obstination et du combat transpartisan de femmes politiques de gauche et de la majorité. Lire notre récit ↓
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Pour Sarah Durocher, «ce n’est pas juste une victoire des parlementaires et des féministes». La lutte est collective, la victoire l’est tout autant. Présidente du Planning familial, Sarah Durocher a rappelé ce lundi en fin de matinée lors d’une conférence de presse que l’inscription de l’IVG dans la Constitution que le Congrès doit confirmer ce lundi après-midi «n’est pas juste une victoire de parlementaires et d’associations féministes» mais celle de «toute la société qui a dit on ne débattra plus du droit à l’avortement en France». A l’appui de ses propos, les deux pétitions signées par plus de 100 000 personnes mais aussi les plus de 15 800 mails envoyés aux sénateurs et sénatrices grâce au générateur du Planning en amont de l’examen du projet de loi.
«Cette inscription dans la Constitution va au-delà de nos rêves». «Je ressens l’impression de vivre quelque chose que je ne pensais jamais vivre», a réagi ce matin Claudine Monteil sur Franceinfo. Elle était la plus jeune des signataires du Manifeste des 343, publié dans le Nouvel Observateur en 1971, qui ont reconnu leur avortement clandestin et appelé à sa légalisation en France. «Cette inscription dans la Constitution va au-delà de nos rêves ! Si vous m’aviez dit ça dans les années 70 […] j’aurais éclaté de rire, admet-elle dans Le Parisien. La nouvelle génération l’a fait ! Mieux, elle l’a imaginé».
«Toute une génération de femmes […] avait complètement oublié que le droit à l’IVG avait été un combat». Membre du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, Anne Joubert, 74 ans, fait partie des premières femmes non-médecins ayant pratiqué des avortements par aspiration en 1973, deux ans avant la promulgation de la loi Veil. Des avortements illégaux revendiqués publiquement ayant largement participé au dépôt et à l’adoption de cette loi. «Toute une génération de femmes, elles le disent elles-mêmes, avait complètement oublié que le droit à l’IVG avait été un combat, un peu comme on a pu oublier que la Sécurité sociale l’avait été», remarque la militante, en expliquant aussi cette «plus grande visibilité» par des productions culturelles et universitaires riches sur le sujet. Plus d’informations ici.
L’IVG dans la Constitution : un coup dur pour les faiseuses d’anges françaises, par Coco.
L'IVG dans la Constitution : un coup dur pour les faiseuses d'anges françaises
— Libération (@libe) March 4, 2024
✏️ par @cocoboer #IVG pic.twitter.com/apOYsFKdQK
Le Planning familial annonce qu’une de ses antennes a été attaquée ce lundi matin. Selon Sarah Durocher, présidente nationale du Planning familial, une antenne du Planning familial aurait été attaquée ce matin. La présidente n’a pas souhaité en dire plus, «pour la sécurité des gens sur place». Pour Julie Ferrua de l’association Avortement Europe, la lutte ne fait que commencer et la vigilance doit rester de mise. «Sur le terrain, les moyens n’y sont pas. 5 000 femmes chaque année sont contraintes d’avorter à l’étranger à cause des déserts médicaux et du manque de pilules abortives. Ce chiffre est insupportable», rappelle-t-elle.
Une étape historique mais pas la fin du chemin. Il ne faut pas minimiser ce moment de sécurisation et d’affirmation, mais celui-ci ne doit pas masquer une réalité plus contrastée. Pour dire les choses concrètement, 130 centres IVG ont fermé dans notre pays ces quinze dernières années, complexifiant pour de nombreuses femmes la possibilité d’accéder à ce droit formel. Il n’est pas normal de devoir changer de département pour pouvoir procéder dans le délai légal à une IVG et la constitutionnalisation de ce droit n’y changera rien. On se souvient que pour justifier son opposition personnelle à l’inscription du droit à l’IVG dans notre texte fondamental, le président du Sénat, Gérard Larcher, avait affirmé qu’il lui semblait plus important de garantir l’accès des femmes à cette possibilité, gage de liberté. Pour aller au-delà du symbole, tout nécessaire qu’il soit, le gouvernement et l’ensemble des élus seraient bien inspirés d’y consacrer enfin les moyens nécessaires. Retrouvez ici notre billet.
«Personne ne savait au moment de signer si elle serait entourée par dix femmes ou cent». Elles étaient écrivaines (Simone de Beauvoir, Violette Leduc ou Françoise Sagan), actrices (Delphine Seyrig, Marie-France Pisier, Catherine Deneuve ou encore Jeanne Moreau), avocate (Gisèle Halimi) ou militantes féministes (Christine Delphy, Anne Zelensky, Antoinette Fouque), ou simples citoyennes. Elles étaient 343. Ensemble, elles ont osé proclamer avoir eu recours illégalement à l’avortement dans les pages du Nouvel Observateur, le 5 avril 1971. Cinquante-trois ans plus tard, cinq des signataires du manifeste ont accepté de revenir sur leur démarche militante auprès de Libération.
L’IVG dans la constitution ? Que nenni pour la Conférence des évêques de France. «Prions surtout pour que nos concitoyens retrouvent le goût de la vie» écrivent les évêques dans leur missive du jour. La Conférence des évêques de France a appelé «au jeûne et à la prière» lundi, alors que le Parlement se réunit dans l’après-midi en Congrès au Château de Versailles pour inscrire l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. «Notre pays se serait honoré en y inscrivant plutôt la promotion des droits des femmes et des enfants. De tous les pays européens […], la France est le seul où le nombre des avortements ne baisse pas et a même augmenté ces deux dernières années», regrette le communiqué signé de la main d’Eric de Moulins Beaufort. «Président et vice-président de la Conférence des évêques de France, nous relayons volontiers l’appel lancé par plusieurs mouvements au jeûne et à la prière», ajoute le texte. «Prions surtout pour que nos concitoyens retrouvent le goût de la vie, de la donner, de la recevoir, de l’accompagner, d’avoir et d’élever des enfants», rappellent les hommes d’Eglise.
Les écologistes en blanc en hommage aux suffragettes. Du blanc de la tête aux pieds. Pour cette journée qu’elle qualifie elle-même d’«historique», la députée écologiste Sandrine Rousseau a décidé de marquer le coup. Ce lundi 4 mars, quand le Congrès se réunira à Versailles pour faire adopter l’entrée de l’IVG dans la Constitution, la finaliste de la primaire verte de 2021 se présentera dans l’aile du Midi du château dans une tenue immaculée. Comme l’ensemble, a priori, des députées et sénatrices écolos. «Je me suis habillée en blanc, je sais que d’autres vont s’habiller en blanc en solidarité avec les députées américaines démocrates qui étaient rentrées au Congrès en blanc en souvenir des suffragettes», a-t-elle expliqué ce matin sur France Info parlant «d’internationale féministe». Notre article.
Comment va se dérouler le Congrès de Versailles ? Présidés par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, les parlementaires, députés et sénateurs, se réunissent ce lundi au Château de Versailles dans l’aile du Midi, pour inscrire dans le texte de 1958 «la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse». Bien installés sur les sièges rouge foncé du gigantesque hémicycle, les 925 parlementaires vont d’abord écouter un discours de Gabriel Attal puis les représentants des groupes politiques se succéderont à la tribune pour une prise de parole de cinq minutes pour chaque orateur. Quant au vote, il se déroulera dans les salles voisines de l’hémicycle. Le résultat est attendu aux alentours de 18 h 30. Sous la Ve République, 21 révisions constitutionnelles ont déjà été adoptées par le Congrès, lors de seize réunions. Plus d’informations ici.
A la conférence de presse du Planning familial, le sentiment d’une victoire sociétale et idéologique profonde. Sarah Durocher, présidente nationale du Planning Familial, a tenu à saluer lors d’une conférence de presse ce lundi «un jour historique qui s’inscrit dans une bataille collective de plusieurs décennies». Avant de rappeler qu’il s’agit bel et bien d’une première étape et que ce vote ouvre la voie à de nouveaux combats pour rendre l’accès à l’avortement effectif en France, ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Pour les représentantes des associations féministes, cette victoire coïncide également avec «un énorme revers pour les antichoix, qui restent encore très puissants à l’heure actuelle».