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#MeToo Armée

Enquête ouverte pour violences sexuelles aux Ecoles de santé militaires de Lyon-Bron

Les investigations ont été confiées à la gendarmerie après que la direction de l’école a fait une série de signalements portant sur dix plaignantes, pour des faits de viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel, dont elles accusent des élèves ou des encadrants de l’établissement.
L'École de santé des armées à Bron, près de Lyon, le 6 octobre 2018. (Nicolas Liponne/NurPhoto.AFP)
publié le 31 janvier 2025 à 22h40

La justice a ouvert une enquête pour viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel sur des faits présumés de violence commis entre 2023 et 2024 sur dix élèves des écoles de santé de l’Armée, situées près de Lyon, annonce l’AFP ce vendredi 31 janvier. Ces investigations, menées par la gendarmerie, portent sur les Ecoles de santé militaires de Lyon-Bron (ESMLB), qui forment les médecins, pharmaciens et infirmiers des armées. Elle fait suite à une série de signalements effectués par la direction de l’établissement, qui a ouvert conjointement huit enquêtes internes.

Dix plaignantes, toutes des élèves, ont fait état de signalements, pour huit agresseurs présumés, dont sept sont encadrants ou élèves de l’ESMLB. Le suspect extérieur est un militaire allemand accusé de viol lors d’un gala de l’école en juin 2023. Un autre dossier a été ouvert après un événement organisé en septembre 2024 par des élèves en dehors de l’établissement. Les autres enquêtes portent sur des faits survenus dans des «bâtiments d’hébergement» de l’ESMLB. Selon le service de santé des armées, les auteurs présumés ont été éloignés soit par une mesure de suspension soit par l’octroi d’un logement extérieur.

225 signalements en 2024

«Le commandement affiche une position très ferme vis-à-vis de ces faits. Il est impossible de tolérer que nos élèves militaires, de futurs soignants, qui seront amenés à entrer dans l’intimité des gens, puissent avoir de tels comportements», a déclaré une de ses porte-parole. Dans un article paru le 23 janvier 2025, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes fait pourtant état d’une «gêne» partagée par certaines élèves de l’établissement. Il est ainsi fait état d’un gradé qui, après un blâme pour avoir filmé des élèves femmes sous leur douche, continue d’exercer normalement. Ou de consignes vestimentaires pour le gala de l’école qui, pour la première fois depuis les révélations de l’existence d’enquêtes, interdisant certaines tenues dénudées ou décolletés aux femmes, perçues comme «une mise en cause indirecte des tenues des participantes dans les risques d’agressions», écrit le site. Ou de la mise en place d’une «safe zone» à cette même occasion, de laquelle approchaient «des hommes alcoolisés dont certains sont connus pour avoir eu des comportements problématiques avec les filles». Des mises en cause auxquelles le commandement répond en assurant «essayer de s’améliorer tout le temps».

Seuls sites de formation à la médecine militaire en France, ces deux écoles de formation comptent actuellement plus de 1 000 élèves. Plus largement au sein de l’armée, les violences sexuelles ou sexistes ont fait l’objet de 49 signalements à la justice par la hiérarchie militaire en 2023. En 2024, il y a eu 225 signalements, selon un bilan encore incomplet. Cette forte hausse est due, selon le contrôleur général des armées, à une «libération de la parole du commandement», qui rapporte désormais «systématiquement» les affaires portées à sa connaissance.