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Droits LGBT+

Espagne : les députés adoptent la «loi transgenre», malgré les divisions au sein de la gauche et des féministes

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La loi pour les droits des personnes transgenres est finalement adoptée par le parlement espagnol, après des mois de tensions. Reste encore à convaincre le Sénat dans les semaines à venir.
Des personnes célèbrent la nouvelle loi sur les transgenres sur les marches du Parlement à Madrid, en Espagne, le jeudi 22 décembre 2022. (Paul White/AP)
publié le 22 décembre 2022 à 15h47

Entre soulagement et déchirement. En Espagne, le projet de loi pour les droits de personnes transgenres, plus communément appelé «loi transgenre», a été adopté ce jeudi par les députés. Le texte, soutenu par 188 voix contre 150 voix contre, ne fait clairement pas l’unanimité. En clair, cette loi doit permettre aux personnes transgenres de faire changer leur nom et leur genre sur leurs papiers d’identité lors d’un simple rendez-vous auprès de l’administration, sans fournir de rapports médicaux. Et ce, dès 16 ans.

Cheval de bataille du parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement de Pedro Sanchez, la loi a été le théâtre de nombreuses polémiques et disputes au sein même de la gauche. S’il est, comme prévu, adopté définitivement par le Sénat dans les semaines à venir, le texte permettra à l’Espagne de rejoindre les quelques pays au monde autorisant l’autodétermination du genre via une simple déclaration administrative. En Europe, le Danemark a été le premier pays à accorder ce droit aux personnes transgenres en 2014.

Le projet de loi espagnol va même plus loin : le texte permettra aussi aux 14-16 ans de changer librement de genre à l’état civil, s’ils sont accompagnés de leurs tuteurs légaux. Les 12-14 ans, eux, devront obtenir le feu vert de la justice. Entre autres dispositions, la «loi trans» interdit aussi les thérapies de conversion, visant à changer l’orientation sexuelle des personnes LGBT+, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 150 000 euros.

«Une dette historique»

Portée avec brio par la ministre de l’Egalité Irene Montero, «cette loi répare une dette historique à l’égard des personnes transgenres», déclare-t-elle mercredi devant les députés. Elle met en avant la forte «pathologisation» imposée aux personnes transgenres pour vivre pleinement leur identité. C’est-à-dire les nombreux rapports médicaux et la preuve d’un traitement hormonal suivi durant deux ans pour confirmer l’identité d’une personne transgenre, comme c’est le cas aujourd’hui dans le pays. «Les femmes trans sont des femmes», a insisté cette responsable de Podemos, en dénonçant la «transphobie».

Au cœur des inquiétudes, les dérives que provoquerait cette nouvelle loi. De nombreuses féministes «historiques» craignent que des personnes de sexe masculin s’auto-identifiant comme femmes puissent participer à des compétitions sportives féminines ou se faire incarcérer dans des prisons pour femmes. Dans tous les cas, un délai de trois mois est prévu entre le dépôt de la demande et sa validation par le requérant afin qu’il puisse confirmer sa décision de changer de genre.