Menu
Libération
Droit des femmes

Etats-Unis : l’Ohio vote l’inscription du droit à l’avortement dans sa Constitution

Les habitants de cet Etat du nord américain se sont prononcés mardi 7 novembre en faveur d’un amendement prévoyant que tout individu ait «le droit de prendre et d’appliquer ses propres décisions» en matière notamment d’avortement.
Des partisans du droit à l'avortement célébraient leur victoire dans l'Ohio, à Cincinnati, mardi 7 novembre 2023. ( Kareem Elgazzar/REUTERS)
publié le 8 novembre 2023 à 8h02

La bataille pour l’avortement se poursuit aux Etats-Unis. Et les défenseurs de l’IVG célèbrent cette fois une victoire retentissante. Les électeurs de l’Ohio ont approuvé mardi 7 novembre au soir l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution de cet Etat du nord américain. Le «oui» à l’amendement constitutionnel en faveur de l’avortement l’emporte avec 55 % des voix, selon une projection du New York Times. Le texte prévoit que tout individu ait «le droit de prendre et d’appliquer ses propres décisions» en matière notamment d’avortement, de contraception et de traitement lié à la fertilité ou aux fausses couches.

Une explosion de joie a accueilli la nouvelle lors d’un rassemblement de la coalition pro-avortement à Columbus, la capitale de cet Etat du Midwest contrôlé par les républicains. L’Ohio vient s’ajouter aux Etats, progressistes comme conservateurs, qui ont systématiquement voté pour les pro-IVG lors de scrutins sur l’avortement, à la grande surprise des républicains, après le revirement de la Cour suprême sur le sujet l’an dernier.

Les défenseurs de l’avortement avaient réussi à rassembler des centaines de milliers de signatures pour soumettre à la population de l’Ohio un amendement constitutionnel consacrant le droit à l’IVG. Durant la campagne, les deux camps ont ensuite mené une campagne acharnée à coups de millions de dollars et de spots télévisés omniprésents, envoyant des milliers de volontaires frapper aux portes des habitants.

Battement de cœur

Depuis que la Cour suprême a cassé à l’été 2022 l’arrêt qui garantissait le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse, la question du droit à l’avortement est revenue aux Etats. Plusieurs Etats l’ont restreint ou interdit, d’autres l’ont renforcé.

Après la décision de la Cour suprême, l’Ohio avait adopté une loi bannissant la plupart des avortements – même en cas de viol ou d’inceste – dès qu’un battement de cœur peut être détecté. C’est-à-dire vers six semaines, souvent avant même qu’une femme ait connaissance de sa grossesse. Cette législation est actuellement en suspens en raison d’une bataille juridique. Pour le moment, l’avortement est légal dans l’Ohio jusqu’à environ 22 semaines de grossesse.

Le gouverneur républicain Mike DeWine, farouchement opposé à la mesure, avait avancé que celle-ci ouvrirait la porte à des avortements «à n’importe quel moment» de la grossesse, et à la possibilité que des mineures y aient recours sans l’accord de leurs parents. Ce que le camp adverse a catégoriquement démenti.

Ce scrutin test a été suivi de très près à travers le pays, car il permet de jauger la tendance chez les électeurs à un an de la présidentielle. Le président Biden, candidat à sa réélection et en mauvaise posture dans les sondages, ne s’y est pas trompé, s’empressant de saluer les résultats et profitant de l’occasion pour exhorter aux dons. «A travers le pays ce soir, la démocratie a gagné et les trumpistes ont perdu. Les électeurs élisent. Les sondages non. Maintenant, tous ensemble pour gagner l’an prochain», a-t-il écrit sur X.