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IVG

Etats-Unis : l’une des deux pilules abortives du pays dans le viseur de la Cour suprême

La plus haute juridiction américaine, à majorité conservatrice, a annoncé ce mercredi 13 décembre qu’elle se prononcera sur une éventuelle restriction de l’accès à la mifépristone, d’ici au mois de juin.
La mifépristone (ou RU-486) fait partie des deux médicaments utilisés aux Etats-Unis pour pratiquer une IVG. (Soumyabrata Roy/NurPhoto.AFP)
publié le 13 décembre 2023 à 17h24

Vers une nouvelle remise en cause des droits des femmes aux Etats-Unis ? La Cour suprême américaine s’est saisie ce mercredi 13 décembre de la question de la pilule abortive, utilisée dans plus de la moitié des avortements dans le pays. La plus haute juridiction américaine, à majorité conservatrice, se prononcera sur une décision de la cour d’appel de Nouvelle-Orléans, ayant rétabli en août des restrictions à l’utilisation de la pilule abortive, qui pourrait s’appliquer à l’ensemble des Etats américains, mais qui est pour le moment suspendue.

La question est celle de l’accès à la mifépristone (RU 486) qui, combinée à un autre cachet, le misoprostol, a été utilisée par 5,6 millions de femmes depuis son agrément par l’Agence américaine du médicament (FDA) en 2000. Plus de la moitié des avortements (53 %) aux Etats-Unis en 2020 étaient médicamenteux, selon l’institut Guttmacher, spécialiste du sujet. Les avortements utilisant mifépristone et misoprostol dans le délai autorisé sont très sûrs et efficaces, martèlent tous les experts. Sans la mifépristone, l’avortement médicamenteux reste possible avec le misoprostol, mais avec davantage d’effets secondaires et un peu moins d’efficacité.

Si la décision était confirmée par la Cour suprême, cela se traduirait aussi par un retour à une limite maximum de sept semaines de grossesse au lieu de dix pour bénéficier d’une IVG, une interdiction de l’envoi de la pilule abortive par la poste, et le rétablissement de l’obligation de prescription exclusivement par un médecin.

Joe Biden «fermement» engagé pour défendre l’IVG

La Cour suprême devrait étudier le dossier dans les prochains mois pour rendre une décision d’ici la fin de sa session annuelle, en juin. Le président démocrate Joe Biden a rapidement fait savoir qu’il était «fermement» engagé pour défendre l’accès à l’avortement aux Etats-Unis, d’après un communiqué de la Maison Blanche.

Le 24 juin 2022, la Cour suprême, à majorité conservatrice à la suite des nominations décidées sous la présidence de Donald Trump, a annulé son arrêt Roe v. Wade qui garantissait depuis 1973 le droit des Américaines à avorter, et a rendu à chaque Etat sa liberté de légiférer en la matière.

Depuis, le pays est fracturé entre la vingtaine d’Etats ayant interdit ou strictement restreint l’accès à l’avortement, principalement situés dans le Sud et le centre du pays, et ceux des côtes qui ont adopté de nouvelles garanties. La question de la pilule abortive est le dossier sur l’avortement le plus important étudié par la Cour suprême depuis sa décision historique de juin 2022.