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«Match»

Violences sexuelles : à la recherche de «co-victimes» pour sortir de l’isolement

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Le site Coabuse recueille les témoignages et met en relation les victimes d’un même agresseur. Une manière de «partager le traumatisme» qui, pour certains, aide à porter les affaires devant les tribunaux. Plus de 6 000 formulaires ont été remplis, et plus de 200 personnes mises en relation.
En novembre 2023, lors d'une manif pour réclamer plus de moyens contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. (Marie Rouge/Libération)
par Hélène Coutard
publié le 12 octobre 2024 à 18h31

Depuis que les victimes de l’abbé Pierre se font connaître, les regards se tournent vers le site de Franck Favre. C’est pour ces oubliés, qui souvent restent dans le silence pendant des années, que ce cadre dans l’agroalimentaire de 58 ans a créé le site internet Coabuse. D’apparence rudimentaire, le fonctionnement du site est unique en France. Grâce à un formulaire anonyme, il met en lien les victimes d’un même agresseur. «On m’a souvent dit que le simple fait de remplir le formulaire fait du bien aux victimes. Beaucoup n’en ont jamais parlé. Pouvoir le faire par écrit, ça les libère déjà un peu», raconte le webmaster bénévole depuis son village du Rhône. C’est lui, derrière son écran, qui est l’unique destinataire de ces secrets.

Alors que, selon l’Insee, seulement 6 % des victimes de violences sexuelles ont porté plainte en 2021, et que 86 % des plaintes ont été classées sans suite entre 2012 et 2021, le fonctionnement de Coabuse est aussi simple qu’efficace : toute personne ayant été victime de violences sexuelles peut y raconter son histoire, nommer ou décrire son agresseur. Franck Favre étudie tous les récits et grâce aux noms, aux dates ou aux lieux, établit le lien entre les victimes d’un même agresseur. A chaque «match», le