Poussettes dans les allées, coloriages sur les tables, mères allaitant leur nourrisson : rarement l’Assemblée nationale n’aura autant résonné de babils d’enfants. Mais le sujet du jour s’y prête. Des dizaines de mères célibataires sont venues assister ce 8 mars à la première «Assemblée des familles monoparentales» pour construire une loi qui leur sera consacrée. Valérie, deux enfants, raconte un quotidien précaire, les défaillances du père, un système sociofiscal injuste. A ses côtés, Vanessa, deux fils de 16 et 13 ans, soupire : «Parfois, c’est presque préférable de ne pas avoir de pension.» Elle élève seule ses deux fils, son ex-conjoint ne leur «donnant pas un centime». Elle raconte la stigmatisation dont elle fait l’objet, des services de l’Etat qui la soupçonnent toujours d’être débordée – «ils ont l’air de se dire “oh la la, elle doit être dépassée, elle est noire en plus”» – et les regards suspicieux jetés après les révoltes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk cet été. «En aucun cas, on ne peut dire que nos familles sont instables», renchérit sa voisine Pauline, qui élève son fils de 13 ans, autiste et déscolarisé, en travaillant le week-end comme gouvernante.
L'édito de Lauren Provost
Invitées à débattre d’une proposition de loi pour «lutter contre la précarité» des fa