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Interview

Féminisation précoce : «L’important est de ne pas anticiper le désir des filles de rentrer dans cet univers»

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Pour Catherine Monnot-Berranger, anthropologue sur les questions de genre, les petites filles ne devraient pas se concevoir uniquement dans leur rapport au corps et dans le regard des autres.
Pour Catherine Monnot-Berranger, «il n’est pas nécessaire de passer par la case maquillage-vernis pour découvrir ce qu’est la féminité». (Borisovv/Getty Images)
publié le 9 mai 2021 à 11h23

Des boucles d’oreilles imposées dès le berceau aux premiers soutifs pour préado rembourrés, en passant par le maquillage et autres vernis à ongles, les petites filles sont souvent, dès le plus jeune âge, l’objet d’assignations. Une féminisation précoce tendant parfois vers l’hypersexualisation, impulsée par une société encore profondément binaire. Catherine Monnot-Berranger, anthropologue sur les questions de genre, autrice de Petites filles d’aujourd’hui : l’apprentissage de la féminité (Autrement, 2009) revient sur l’importance, pour les parents et l’entourage des petites filles, de leur présenter des modèles alternatifs.

Comment les fillettes sont assignées à une certaine idée de la féminité ?

Un double mouvement est à l’œuvre. Dans certains milieux et cultures traditionnels, notamment méditerranéennes, les sexes sont séparés très tôt et les corps marqués d’accessoires permettant de les différencier comme les boucles d’oreilles. Il y a un