«Je suis entrée chez BNP Paribas avec plein d’ambition, plein de rêves, motivée, heureuse et ils m’ont vraiment détruite», lâche Emma (1). Après sept ans dans la boîte, la jeune femme de 30 ans est en arrêt maladie depuis le 14 février 2019 à la suite du harcèlement moral et sexuel qu’elle dit avoir subi au sein de l’entreprise. En octobre 2020, elle a intenté une action devant les prud’hommes contre la banque, qu’elle accuse d’avoir «étouffé» l’affaire. Elle n’est pas seule : six autres employées ou anciennes employées sont actuellement en procédure prud’homale contre la BNP Paribas pour des faits de harcèlement moral ou sexuel. Et pointent l’inertie de l’entreprise et le rôle ambigu de la direction des ressources humaines lorsqu’elle est informée des faits. L’avocat des plaignantes, Me Charles Morel, pointe même une «stratégie d’étouffoir» mise en place par la banque. Dans les cas que Libération a pu étudier, les harceleurs présumés sont encore en poste ou partis à la retraite sans être inquiétés. Certains ont même été promus.
Enquête
Emma raconte que son supérieur hiérarchique, l’ancien directeur de territoire du XVe arrondissement de Paris, lui a fait subir pendant des mois, la plupart du temps en public, des propos à connotation sexuelle dès l’été 2018. «Je me ferais bien masser par une brune à forte poitrine», «je vous passe mes chemises à repasser contre paiement en nature», par exemple. Un matin, il lui aurait demandé la couleur de son strin