«Mon ex-conjoint m’a empêchée de travailler pendant dix ans.» Nour (1), jeune femme marocaine de 28 ans, rencontre son futur mari français en 2012, et le suit très vite afin de s’installer à Strasbourg. Peu à peu, ce dernier la prive de toute ressource, il prend le contrôle des finances, tient le compte à son nom, perçoit les aides sociales, la retire de la mutuelle à son insu… «Il voulait que je sois dépendante de lui. Je devais toujours quémander, même pour acheter une bouteille d’eau ou prendre le bus.»
En 2021, un quart des femmes appelant le 3919, la ligne d’écoute nationale à destination des femmes victimes, dénonçait des violences économiques au sein du couple. Contrôler les dépenses, faire pression sur la vie professionnelle, prélever de l’argent sur les comptes ouverts au nom des enfants, ne pas payer la pension alimentaire… Selon un sondage Ifop réalisée en octobre pour la newsletter féministe les Glorieuses, 41 % des femmes ont déjà subi au moins une forme de violence économique conjugale. Des violences qui constituent «un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière». Emilie Friedli, porte-parole du collectif, note un phénomène «très pernicieux, des mil