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Il y a 80 ans, les femmes obtenaient le droit de vote en France

Grâce à une ordonnance prise le 21 avril 1944 par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger, les femmes devenaient électrices et éligibles. Un an plus tard, le 29 avril 1945, elles déposaient pour la première fois leur bulletin dans l’urne pour élire leur maire.
Une parisienne dans l'isoloir s'apprête à voter aux élections municipales, le 29 avril 1945. (Usis/Leemage. AFP)
publié le 21 avril 2024 à 13h04

Avant cette date, seuls les hommes pouvaient participer à la vie politique de leur pays. Depuis une ordonnance du gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger prise le 21 avril 1944, les Françaises peuvent devenir électrices et éligibles. Un an plus tard, le 29 avril 1945, elles déposaient pour la première fois leur bulletin dans l’urne pour élire leur maire.

Les chiffres de participation des femmes à ce premier scrutin, municipal, en 1945, ne sont pas disponibles. Un peu plus de 26 millions de Français étaient alors inscrits sur les listes électorales, mais au moment du vote, de nombreux hommes étaient encore prisonniers de guerre ou déportés. «On sait que les femmes sont allées voter, même si beaucoup d’entre elles ne s’intéressaient pas forcément à la politique», rappelle aujourd’hui auprès de l’AFP Anne-Sarah Bouglé-Moalic, docteure en histoire à l’Université de Caen Normandie et spécialiste de la question du vote des femmes en France. «Il faut comprendre qu’elles avaient grandi en entendant que, de toute façon, la politique, ce n’était pas pour elles : c’était l’affaire du mari ou du père».

La longue marche lente et rude vers l’égalité

La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu’aux hommes. En comparaison avec d’autres nations, la France a fait pendant longtemps office de mauvaise élève sur la question des droits des femmes et de l’accès au vote. En Australie, les femmes peuvent voter depuis 1901. La Finlande a emboîté le pas en 1906 suivis par la Norvège en 1913, le Danemark en 1915 puis l’Allemagne en 1918. En 1920, ce sont les Etats-Unis qui autorisent le vote pour les femmes et le Royaume-Uni le rend accessible en 1928.

Quelques mois après les élections municipales, les femmes ont à nouveau exercé leur devoir civique. Le 21 octobre 1945 ont eu lieu les premières élections législatives de l’après-guerre. En octobre 1945, elles ne sont que 33 élues sur 586 députés à l’Assemblée constituante. Quatre-vingts ans plus tard, après un progrès notable au mitan des années 2010 grâce aux lois sur la parité, leur représentation plafonne à 38,7 % de femmes à l’Assemblée, 36 % Sénat et on n’en compte que 22 % parmi les maires.

La longue marche vers l’égalité a été lente et rude. Il faudra attendre 1965, soit vingt ans après l’obtention du droit de vote, pour que les femmes puissent ouvrir un compte bancaire et exercer un emploi sans le consentement de leur mari. «On a assisté entre 1945 et les années 90 à une baisse permanente du nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale», relevait Françoise Picq, spécialiste de l’histoire du féminisme, auprès de Libération. Le vote était une chose, le rôle en politique en était une autre. «Malgré les avancées civiques, il paraissait évident que c’était aux hommes de diriger la France», fait remarquer l’historienne Michelle Perrot à Libération. C’est d’ailleurs au général de Gaulle que l’on attribue la fameuse injonction méprisante : «Un ministère de la Condition féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat au Tricot ?» Le même qui, deux ans auparavant, avait accordé aux femmes le droit de vote.