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Récit

Il y a cinquante ans, les prostituées se révoltaient à Lyon : «Pour la première fois, elles étaient prises au sérieux»

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Du 2 au 10 juin 1975, une centaine de travailleuses du sexe ont occupé l’église Saint-Nizier pour dénoncer la répression policière. Un mouvement d’ampleur qui a ouvert la voie aux mobilisations actuelles.
La façade de l'église Saint-Nizier, à Lyon, le 4 juin 1975. (Alain Voloch/GAMMA RAPHO)
publié le 2 juin 2025 à 6h00

«Mon père, nous venons vous demander le droit d’asile». Le 2 juin 1975 au petit matin, une centaine de prostituées passent les portes de l’église Saint-Nizier, dans le IIe arrondissement de Lyon. «De jeunes femmes sont condamnées injustement à la prison. Le seul moyen de nous faire entendre en haut lieu, c’est de venir chez vous, sous votre protection», clame Ulla, l’une des meneuses du mouvement, face au curé Antonin Béal. Le religieux accepte de leur prêter refuge, marquant ainsi le début d’une action dont la date deviendra la journée internationale des luttes des travailleuses du sexe. Car elles vont ainsi accéder pour la première fois à une audience médiatique nationale, ce qui va changer leur perception dans l’opinion publique et ouvrir la voie à d’autres mobilisations.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de ce qui a fini par être appelé la «révolte de Saint-Nizier», la mémoire de cet événement sera gravée dans le marbre, via une plaque commémorative qui sera dévoilée ce lundi 2 juin par la ville de Lyon. «Les gens ne s’intéressaient pas à leur sort avant. Mais là, elles étaient si nombreuses et visibles qu’on ne pouvait plus les ignorer», expose à Libération Christiane Ray, rare témoin encore vivante, auprès de Libération. A l’époque enseignante et engagée dans une association féministe locale, elle a participé à relayer la cause des grévistes : «Je n’avais jamais vu ça. Tout le monde en a parlé à une vitesse fol