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Droit des femmes

IVG dans la Constitution : Line Renaud s’exprime sur son avortement clandestin à 18 ans, un «couloir tout noir»

Invitée de France inter ce jeudi 21 mars, l’actrice de 95 ans est revenue à nouveau sur l’interruption de grossesse qu’elle a subie dans les années 40, à peine majeure.
Line Renaud à Paris, le 3 juillet 2021. (Jérôme Bonnet/Libération)
publié le 21 mars 2024 à 11h36

«C’est une des plus belles choses qui puisse arriver à la France». Les yeux embués d’émotion, l’actrice et chanteuse de 95 ans Line Renaud est revenu ce jeudi 21 mars, sur France Inter, sur la récente constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Le sujet touche particulièrement la vice-présidente du Sidaction.

Elle-même avait dû se faire avorter clandestinement en 1940. Une époque où l’IVG n’était pas autorisé en France et représentait un risque pour la vie des femmes. «J’avais 18 ans. J’étais enceinte et on est allé voir cette faiseuse d’ange. C’était un couloir tout noir, une femme que je n’ai pas vu. Tout est noir, tout est noir, tout est noir», s’est remémoré Line Renaud. Avant de poursuivre : «Elle est arrivée avec deux aiguilles. On m’a mis des aiguilles et ça a saigné. Donc à partir du moment où ça a saigné, je n’étais plus enceinte». «Seulement, j’ai fait une septicémie [une affection potentiellement mortelle qui correspond à l’infection du sang]. J’ai commencé uns septicémie. Donc là on a fait venir notre docteur de famille qui a fini l’avortement… Mais sur la table de la salle à manger. Il ne vaut mieux pas voir, c’est horrible», a terminé l’actrice au micro de France Inter, des trémolos dans la voix.

En février, l’interprète de Ma Cabane au Canada avait aussi raconté dans Sept à Huit sur TF1 cet évènement qui représente toujours aujourd’hui «beaucoup de chagrin». D’autant que la comédienne voulait, elle, garder l’enfant. «Je suppliais pour qu’il [son mari Loulou Gasté] change d’avis, et non. On est restés sur l’idée de faire un avortement», expliquait-elle. A l’issue de ce cauchemar, Line Renaud dit avoir aussi pris conscience qu’elle n’aurait «jamais d’enfant».

Après l’inscription de la «liberté garantie» à recourir à l’IVG dans la Constitution, validée le 8 mars, Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté d’inscrire cette mesure «dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne» où, selon lui, «plus rien n’est acquis et tout est à défendre».