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Libération
Témoignage

IVG dans la Constitution : pour Chantal Birman, ancienne sage-femme et militante du Mlac, «c’est un pas de plus vers un monde plus juste»

Militante de longue date, Chantal Birman se réjouit du vote historique de ce lundi 4 mars, tout en défendant la pratique des IVG instrumentales par les sages-femmes, remise en cause par des décrets récents.
Chantal Birman, ex-sage-femme libérale et féministe, à Bagnolet, le 3 novembre 2021. (Lucile Boiron/Libération)
publié le 4 mars 2024 à 20h45

«Cette constitutionnalisation est un pas de plus vers la protection de ce droit et vers un monde plus juste. Je ne peux que m’en réjouir. Cette immense victoire en convoque d’autres : aujourd’hui l’IVG est un acte médical avec un risque extrêmement faible. Avant 1975, c’était la première cause de mortalité de la femme jeune. Mais depuis plus d’une génération, les jeunes femmes ne peuvent plus se réjouir de ces vies sauvées parce qu’elles n’ont pas vu leurs sœurs, leurs meilleures amies, leurs mères mourir à cause d’un avortement. Elles en ont conscience mais ce n’est pas inscrit dans leur tête. En revanche, ça l’est dans la mienne et je mesure le chemin parcouru.

«Cette constitutionnalisation a aussi permis de montrer que le gouvernement fait tout et son contraire. Des décrets d’application iniques ont été publiés en décembre pour la pratique des IVG instrumentales par les sages-femmes. Si l’exécutif assure, ce lundi 4 mars, qu’ils seront réécrits, je reste méfiante. Il faut bien se rappeler que ce sont essentiellement des femmes de la société civile qui ont, dès 1973, posé des canules et des sondes à d’autres femmes pour les avorter avec le Mlac. Elles ont été les premières à sauver des vies. Ce ne sont pas les médecins qui m’ont appris à faire des avortements en toute sécurité, ce sont ces femmes. Alors, quand je vois ce qu’une sage-femme est capable de faire, à quel point on a besoin d’elles pour fluidifier l’accès à l’IVG et qu’on les met sous emprise, je suis outrée. Ce décret dit entre les lignes que les sages-femmes seraient dangereuses alors qu’elles sont bien mieux formées que le généraliste sur le risque d’hémorragie. Il s’agirait d’enfin reconnaître ce qu’elles font au quotidien.»