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#MeToo

«Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme» : Gérard Depardieu se défend dans une lettre des accusations de viol et d’agression sexuelle

Mis en examen depuis 2020 pour des soupçons de viol et d’agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, l’acteur Gérard Depardieu dénonce dans une tribune au «Figaro» le «lynchage» et le «tribunal médiatique».
Gérard Depardieu, en 2017 à Venise. (Tiziana Fabi/AFP)
publié le 1er octobre 2023 à 20h37

Il nie en bloc. Sur le site du Figaro, Gérard Depardieu, mis en examen pour «viol» et «agressions sexuelles», prend la plume pour répondre aux accusations. «Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme», affirme l’acteur de 74 ans, avant d’insister : «je ne suis ni un violeur ni un prédateur».

La comédienne Charlotte Arnould a porté plainte en 2018 contre Gérard Depardieu. L’affaire a été d’abord classée par le parquet en 2019 avant d’être rouverte et confiée à un juge d’instruction à l’été 2020. Dans sa lettre, l’acteur ne cite pas nommément la plaignante, il parle d’«une femme», «venue chez moi une première fois, le pas léger, montant de son plein gré dans ma chambre. […] Elle y est revenue une seconde fois. Il n’y a jamais eu entre nous ni contrainte, ni violence, ni protestation. […] Alors, me dit-on, elle était sous emprise. […] Mais on est tous sous emprise.»

Les accusations à l’encontre de Gérard Depardieu ne s’arrêtent pas là. En avril dernier, treize femmes témoignaient, dans Mediapart, de propos sexistes et d’agressions sexuelles de la part de l’acteur, qui auraient eu lieu entre 2004 et 2022, notamment sur des tournages. France Inter a publié le 10 juillet le témoignage d’une autre jeune femme qui accuse notamment l’acteur d’avoir «montré son sexe» avant de la «bloquer contre un mur». Et le 28 juillet, la radio publique récidivait avait un nouveau témoignage accusant l’acteur d’agression sexuelle lors d’un tournage. Ce sont donc seize femmes, au total, qui se plaignent du comportement de l’acteur.

Concerts perturbés

«J’ai fait souvent ce que personne n’ose faire : tester les limites, bousculer certitudes, habitudes et, sur un plateau entre deux prises, entre deux tensions… rire, faire rire. Tout le monde n’a pas ri. Si, pensant vivre intensément le présent, j’ai blessé, choqué qui que ce soit, je n’ai jamais pensé à faire de mal et je vous prie de m’excuser de m’être comporté comme un enfant qui veut amuser la galerie», explique aujourd’hui Gérard Depardieu.

Cette défense est à mettre en regard du dernier témoignage en date, celui d’Anne, technicienne d’une trentaine d’années : «Il faisait rire le plateau en me prenant à partie. Il a commencé à dire «je vais t’emmener manger, je vais t’enivrer, on va passer une bonne soirée», toujours avec des grognements. Il me mettait au centre de l’attention pendant que j’étais en train de travailler, j’ai compris que j’étais dans sa ligne de mire.» Jusqu’à un soir de tournage, la nuit, devant une vingtaine de témoins. «J’ai tourné le dos à Gérard Depardieu pour dire à l’assistante mise en scène que j’étais prête. J’ai senti sa grande main, sa grosse main dans mon entrejambe, me choper l’entrejambe avec volonté, en laissant échapper un gros rire graveleux. J’étais liquéfiée, pétrifiée. C’est ce moment-là qu’il a choisi pour m’humilier.»

Gérard Depardieu justifie sa lettre ouverte par les perturbations qui accompagnent ses concerts de reprise de Barbara. «Je suis juste un homme… mais je suis aussi une femme, qui chante et qui chante une femme, Barbara. Voir concerts après concerts des extrémistes, sans regard, brandir des pancartes calomnieuses, souiller, vandaliser, interrompre en hurlant les chansons de Barbara, cette femme hautement féministe, c’est l’enterrer à nouveau. Désormais je ne peux plus faire entendre sa voix. Au tribunal médiatique, au lynchage qui m’a été réservé, je n’ai que ma parole à opposer», écrit-il. L’information judiciaire est toujours ouverte.