Jacques Doillon est dans la tourmente. Ce jeudi 8 février, plusieurs actrices ont formulé des accusations de violences sexuelles à l’encontre du réalisateur âgé de 79 ans. La première, Judith Godrèche, s’est exprimée le matin sur France Inter, où elle a également détaillé les violences sexuelles que lui aurait infligées un autre réalisateur, Benoît Jacquot. A la radio, la comédienne rapporte une scène survenue pendant un tournage, alors qu’elle est âgée de 15 ans. «D’un coup, [Jacques Doillon] décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi. Et là, on fait 45 prises. Et j’enlève mon pull, et je suis torse nue, et il me pelote, et il me roule des pelles», raconte-t-elle. Et d’évoquer succinctement, sans donner de détails, un autre événement, survenu «dans le bureau de Doillon» et que personne n’a vu.

Selon les informations du journal Le Monde, qui a pu consulter la plainte déposée par Judith Godrèche contre Benoît Jacquot, enregistrée le 6 février par la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris, dans laquelle elle mentionne aussi le cas de Jacques Doillon, les faits décrits par l’actrice relèvent du viol. Ils se seraient produits au domicile du cinéaste, où l’adolescente, alors âgée de 14 ans, était reçue pour des essais qui ont débouché sur le film La Fille de quinze ans.

«Doillon me demande un jour de m’allonger sur le lit et il me dit que pour la respiration il faut qu’il se rapproche de moi pour pouvoir vraiment écrire ce personnage. Il m’embrasse, la pièce est fermée […]. Il me met les doigts dans la culotte et il me fait allonger sur le lit, et avec son jean, en portant toujours son jean, il se met à se frotter sur moi pour se faire jouir», aurait déclaré l’actrice aux enquêteurs, selon Le Monde. Ce jeudi, le parquet de Paris a élargi à Jacques Doillon l’enquête visant pour viol sur mineure qu’il avait ouverte la veille contre Benoît Jacquot.

Autre témoignage accablant : celui d’Anna Mouglalis, également publié par Le Monde. En 2011, l’actrice alors âgée de 33 ans et son compagnon Samuel Benchetrit invitent Jacques Doillon dans la maison de famille, à Uzès, dans le Gard. «Un soir après le dîner, nous n’étions plus que deux dans la pièce. C’était dans la cage d’escalier sur le palier qui donnait sur la chambre de ma fille et la mienne dans laquelle j’allais rejoindre Samuel qui s’était couché plus tôt. Il m’a embrassée de force et je l’ai repoussé. C’est sidérant de tenter un truc pareil, dans ces conditions-là. Il y a un tel sentiment d’impunité, une telle réification», dénonce-t-elle.

Toujours dans Le Monde, la comédienne Isild Le Besco confie que Jacques Doillon l’a «retirée» de la préparation d’un film sorti en 2001, Carrément à l’ouest, après que l’adolescente - 17 ans à l’époque - avait «refusé de coucher avec lui». «C’était assez subtil, dans le non-dit», se souvient-elle aujourd’hui.

Jacques Doillon, présumé, innocent, a transmis à l’AFP vendredi 9 février une déclaration dans laquelle il conteste les accusations portées et dénonce des « mensonges ». « Que Judith Godrèche et d’autres femmes à travers elle aient à cœur de dénoncer un système, une époque, une société, est courageux, louable et nécessaire. Mais la justesse de la cause n’autorise pas les dénonciations arbitraires, les fausses accusations et les mensonges », explique le cinéaste.

A propos de la scène de La Fille de quinze ans pointée par Judith Godrèche, jacques Doillon assure que «cette scène est dans le scenario original». « C’est la scène 79 où il est notamment écrit : Affolés, soulevés, ils font l’amour. Judith Godrèche a évidemment lu et relu le scenario puisqu’elle a même prétendu l’avoir écrit », ajoute-t-il.

Concernant le remplacement d’un acteur prévu initialement pour ce tournage, évoqué par Judith Godrèche, il confirme avoir « mis fin à son engagement en fin de première semaine de tournage en raison de textes insuffisamment sus et de problèmes de rythme qui ne s’accordait pas à celui des adolescents ». Selon lui, c’est à l’initiative de son producteur qu’il a décidé de reprendre le rôle, sous peine de voir le tournage s’arrêter.

« Je n’ai jamais commis les actes qui me sont reprochés et j’apporterai à la justice, puisqu’elle est désormais saisie, tous les éléments factuels dont je dispose pour démontrer mon innocence », assure encore le cinéaste. Dans sa déclaration, jacques Doillon affirme pour sa part qu’Isild Le Besco lui « avait fait croire qu’elle était retenue sur un autre tournage alors qu’elle était en vacances » et il qualifie de « grotesque » l’accusation d’Anna Mouglalis.

Mis à jour : vendredi 9 février à 20 heures avec la réponse de Jacques Doillon.