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Libération
Prise de parole

La députée Sandrine Josso, qui accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée : «J’ai cru mourir»

Violences sexuellesdossier
L’élue Modem, qui s’exprime publiquement pour la première fois ce lundi 20 novembre depuis qu’elle accuse l’élu de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement, dénonce le comportement de cet «ami depuis dix ans». Mis en examen, le sénateur Horizons de Loire-Atlantique dément.
Sandrine Josso, dans la salle des Quatre Colonnes, à l'Assemblée nationale, en juin 2019. (Julien Muguet/Julien Muguet)
publié le 20 novembre 2023 à 21h46

Il s’agit de sa première prise de parole publique depuis le scandale. «Je ne suis pas venue pour parler de moi», prévient en préambule la députée Sandrine Josso, invitée ce lundi 20 novembre sur le plateau de C à Vous, sur France 5. L’élue Modem accuse le sénateur Horizons Joël Guerriau de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement. Elle rappelle tout de même les faits : «J’ai cru mourir d’abord d’une crise cardiaque, j’ai cru mourir parce que je pensais qu’il allait abuser de moi, dans l’ascenseur, je ne tenais plus debout», témoigne-t-elle en ajoutant avoir «juste eu un instinct de survie». Elle souffre désormais de «stress post-traumatique».

Les faits seraient survenus dans la nuit de mardi à mercredi, lors de la soirée de réélection de ce sénateur, «un ami depuis dix ans» qui «n’était pas dans son état normal», relate Sandrine Josso. Le champagne servi par le sénateur «n’avait pas le même goût que d’habitude», et son comportement était étrange. Il l’aurait incitée à trinquer à plusieurs reprises, comme pour la faire boire, aurait fait varier l’intensité de la lumière – elle l’apprendra plus tard de la part des médecins, comme pour «augmenter l’efficacité de la drogue au niveau des pupilles».

Avant de fuir, Sandrine Josso l’a vu «remettre un sachet blanc dans un tiroir sous le plan de travail» dans la cuisine. Des prélèvements dans l’organisme de la députée, prise en charge par des soignants mardi soir à l’Assemblée nationale, ont bien révélé la présence d’ecstasy, d’après le parquet. Des perquisitions ont été menées au bureau du sénateur et à son domicile, où les enquêteurs ont également retrouvé cette substance.

«On ne peut plus détourner le regard»

Mis en examen vendredi soir, suspendu samedi par le parti Horizons, le banquier de profession a nié les accusations lors d’une confrontation vendredi. Sénateur depuis 2011, Joël Guerriau «se battra» pour «démontrer qu’il n’a jamais voulu administrer à sa collègue de travail et amie de longue date une substance pour abuser d’elle» et «démontrera que c’est une erreur de manipulation qui a causé le dramatique désagrément», a réagi son avocat, Rémi-Pierre Drai.

«Mon devoir est de sensibiliser» sur «le fléau» de la soumission chimique, dont «on ne peut plus détourner le regard», a insisté la députée Sandrine Josso. «On peut tous subir ce que j’ai subi», a-t-elle prévenu sur France 5. Lors de son passage à l’hôpital Lariboisière, les médecins et infirmières lui auraient raconté : «Madame, les gens comme vous, c’est tous les jours, c’est trois fois par jour.»