Après la dénonciation, Judith Godrèche passe à l’action en justice. La comédienne de 51 ans a porté plainte mardi 6 février contre le cinéaste Benoît Jacquot pour «viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans», «devant la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris», révèle le Monde ce mercredi 7 février. Suite à cette plainte, le parquet de Paris a ouvert une enquête qui «porte sur les infractions de viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité, l’ensemble des faits dénoncés ayant eu lieu entre 1986 et 1992», précise le ministère public auprès de l’AFP. Les investigations ont été confiées à la Brigade de protection des mineurs (BPM).
A la fin de l’année 2023, dans un long entretien accordé à Elle, Judith Godrèche avait, sans le nommer, mis en lumière l’emprise de Benoît Jacquot sur la jeune fille de 14 ans qu’elle était au mitan des années 80 alors que lui-même était âgé de 39 ans. Et ce au vu et au su de tout le milieu cinématographique français. «C’est parce que j’ai une fille adolescente que je parviens à réaliser ce qui m’est arrivé, à me dire que j’ai navigué seule dans un monde sans règles ni lois», expliquait-elle dans le magazine féminin.
«La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom»
Pour Judith Godrèche, le point de bascule pour citer nommément Benoît Jacquot a eu lieu en janvier, quand ont ressurgi des images de ce dernier, tirées du documentaire les Ruses du désir : l’interdit, réalisé par Gérard Miller en 2011. Dans cette archive récente, le cinéaste est notamment revenu sur sa relation avec Judith Godrèche alors qu’elle était mineure. «Oui, c’était une transgression. Ne serait-ce qu’au regard de la loi telle qu’elle se dit, on n’a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme elle, comme cette Judith, qui avait en effet 15 ans [14 selon elle, ndlr], et moi 40, je n’avais pas le droit. Mais ça, elle n’en avait rien à foutre, et même elle, ça l’excitait beaucoup je dirais.» Celui qui donnait à l’adolescente son premier grand rôle avec le film les Mendiants en 1986 ajoute : «D’une certaine façon, faire du cinéma est une sorte de couverture […] pour des mœurs de ce type-là.» «La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom», avait alors réagi Judith Godrèche dans une story Instagram, où elle évoquait l’«emprise» et la «perversion». «Il s’appelle Benoît Jacquot, a-t-elle alors lâché. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien. Témoigner. Il menace de me traîner en justice pour diffamation.»
Expliquant qu’«elle ne se serait probablement jamais exprimée de manière aussi personnelle sur ces réseaux si ce documentaire n’était tombé sous [ses] yeux», Judith Godrèche avait en outre dénoncé le «sentiment d’impunité» dont témoignaient ces propos. «Qui a de l’estime pour les pratiques de BJ ? Connues de tous et toutes depuis trente-cinq ans ? Qui cautionne et valide ? L’agent qui le représente ? Qu’il m’a présenté à 14 ans ? Son producteur ? Même chose. […] D’où lui vient ce sentiment d’impunité ? Tout se savait. Et les mêmes sont aux manœuvres», avait-elle assené, disant craindre qu’on ne lui «tourne le dos», après ces propos. Du documentaire dont est tiré l’extrait, en accès libre sur YouTube, on trouve la description suivante : «Le psychanalyste et chroniqueur Gérard Miller recueille les témoignages de personnalités et d’anonymes qui ont transgressé leurs principes pour vivre leur amour.»
Mise à jour mercredi 7 février à 16 h 45 : ajout de l’enquête ouverte par le parquet de Paris.