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Le Centre-Val de Loire devient la deuxième région à proposer un congé menstruel à ses 2 200 fonctionnaires

Après la Nouvelle-Aquitaine, une deuxième collectivité régionale autorise, depuis janvier, ses agentes qui souffrent de menstruations douloureuses à s’absenter de leur travail, sans retrait de salaire, maximum treize jours par an.
En 2023, l'Espagne a été le premier pays européen a adopter un congé menstruel pour les femmes atteintes de règles douloureuses. (Kinga Krzeminska/Getty Images)
publié le 21 mars 2025 à 14h26

La région des châteaux quasiment pionnière. Depuis le mois de janvier, les femmes qui travaillent pour la région Centre-Val de Loire peuvent s’absenter de leur travail en cas de règles douloureuses une fois par mois, révèle Ici Berry, jeudi 20 mars. Ce «congé menstruel», encore en phase d’expérimentation, a déjà été mis en place en Nouvelle-Aquitaine en octobre 2023.

Même si ces autorisations spéciales d’absence (ASA) ne donnent lieu à aucune déduction de salaire, elles nécessitent une justification. Pour y avoir recours, les agentes territoriales doivent obtenir de leur médecin traitant, d’un gynécologue ou d’une sage-femme, une ordonnance les autorisant à prendre ce congé menstruel. Une fois acquis, ce droit est valable un an et limité à treize jours par an, soit à peine plus d’un jour par mois. Ici Berry rapporte que seulement six agentes sur les 2 200 fonctionnaires féminines de la région Centre-Val de Loire ne posent, depuis le début de l’année, des jours de congé menstruel.

La levée, encore lente, d’un tabou

Une des six bénéficiaires de ce congé a témoigné auprès de la station berrichonne de son soulagement après expérimentation, se félicitant de la levée «d’un tabou général» sur les règles douloureuses dans le milieu professionnel. Encore trop souvent confrontée à la banalisation de sa souffrance, elle souhaite que «le message [à] transmettre [soit] : ce n’est pas normal d’avoir mal pendant les règles et gérer une douleur de plus en plus intense en travaillant, ce n’est pas possible».

Un point de vue que partage la conseillère régionale en Centre-Val de Loire en charge du personnel, Catherine Gay, interrogée elle aussi par Ici Berry. «C’est un choix politique extrêmement important […] pour faire avancer l’égalité femmes hommes», à un moment, où elle le rappelle : «l’Assemblée nationale et le Sénat ont refusé le cadre législatif qui permettait ces autorisations d’absences [pour règles douloureuses]».

Si en Espagne le congé menstruel a été adopté à l’échelle nationale dès 2023, les réticences persistent en France. En 2024, la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale et le Sénat ont rejeté des propositions similaires, proposées par des socialistes et écologistes. Plus récemment, le 27 janvier dernier, Catherine Séguin, préfète de l’Isère, a saisi la justice administrative pour s’opposer à plusieurs dispositifs, dont le congé menstruel proposé par la métropole de Grenoble. La représentante de l’Etat leur reprochait d’être en dehors du cadre légal, qui «n’ouvre pas le droit au bénéfice d’une ASA pour raison de santé», et de créer «une rupture d’égalité et de parité» entre agents en ayant pour conséquence de «contourner la règle des 1 607 heures» de travail par an.