Après deux années de baisse exceptionnelle liée à l’épidémie de Covid-19, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) a augmenté en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis 1990, selon une étude de la Drees, publiée ce mercredi 27 septembre. Au total, 234 300 IVG ont été enregistrées en France, soit 17 000 de plus qu’en 2021 et environ 7 000 de plus qu’en 2019, précise cette étude réalisée par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
Cette augmentation suit également le renforcement législatif du droit à l’avortement, bien que l’allongement de deux semaines (de 12 à 14) du délai légal de recours, prévu grâce à la loi Gaillot de mars 2022, «ne suffit pas à expliquer cette augmentation», relève la Drees. Les IVG les plus tardives représentent «moins d’un cinquième du surplus observé par rapport à l’année 2021» et 1,5 % de l’ensemble des avortements. La majorité des IVG (55 %) restent effectuées à moins de huit semaines d’aménorrhée et 76 % à moins de dix semaines.
Hausse chez les majeures
Le taux de recours à l’IVG dépasse le niveau de 2019 – qui était à l’époque le plus élevé depuis 1990 – avec 16,2 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2021 contre 15,0 pour 1 000 en 2020 et 15,7 pour 1 000 en 2019.
C’est parmi les femmes âgées de 20 à 29 ans que les IVG restent les plus fréquentes, avec un taux de recours de 26,9 IVG pour 1 000 femmes entre 20 et 24 ans (+ 2,6 points par rapport à 2021) et 28,6 IVG pour 1 000 entre 25 et 29 ans (+2,2 points). Entre 2021 et 2022, «les taux de recours augmentent pour toutes les femmes majeures avec une hausse plus marquée chez les 20-29 ans», note la Drees.
Quant aux disparités territoriales, elles demeurent, avec un taux de recours qui peut «varier du simple au double» selon les régions (11,6 % en Pays de la Loire contre 22,6 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur), mais qui globalement augmente dans toutes les régions métropolitaines ainsi que dans les départements et régions d’outre-mer (Drom), à l’exception de la Guadeloupe. Dans les Drom, ces taux de recours à l’avortement sont compris entre 21 % à Mayotte et plus de 48 % en Guyane.
Plus d’une IVG sur trois est désormais réalisée en dehors des établissements de santé, dans le cadre de la médecine de ville comme cela est permis pour la méthode médicamenteuse depuis 2005, en centre de santé ou centre de santé sexuelle. Ces IVG médicamenteuses représentent désormais 78 % de l’ensemble des avortements réalisés en France.