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Entretien

Le prix des violences sexuelles : «Non seulement avoir été violée ne rapporte rien aux victimes, mais cela coûte très cher»

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Les violences sexuelles coûtent, à la société comme aux victimes. Et pourtant, l’idée mensongère qu’elles profiteraient financièrement de leur prise de parole circule encore largement. Pour l’autrice Virginie Cresci, ce cliché est véhiculé par la culture du viol, mais aussi par les séries américaines.
Lors d'une manifestation féministe contre les violences sexistes et sexuelles, à Quimper, 25 novembre 2023. (Morgan Bisson/Hans Lucas. AFP)
publié le 19 mai 2024 à 9h39

Tout ce que Virginie Cresci a gagné, elle l’a «investi dans sa survie». Victime de viols, cette journaliste indépendante a payé «cher sa réparation» : plus de 20 000 euros en frais de justice et en soins de santé, à seulement 30 ans. «Il n’y a pas une seule victime qui n’a pas payé les conséquences des violences», constate-t-elle. Forte de cette conviction, dans le Prix des larmes : le coût caché des violences sexuelles (ed. Grasset), elle s’est attelée à chiffrer l’indénombrable, non pas pour mesurer le prix d’une douleur insondable, mais pour évaluer l’ampleur des conséquences de ces violences sur la santé, la vie intime, familiale, professionnelle et, in fine, financière des victimes. Elle y exhume la réalité crue de ces quotidiens entravés, entremêlant les conséquences financières pour les victimes et le coût astronomique de l’inaction pour la société. Déplorant que l’argument de «l’accès au droit et à la dignité» ne suffit pas à mobiliser les pouvoirs publics, Virginie Cresci chiffre les répercussions de leur immobilisme et fait la démonstration que «non seulement avoir été violée ne rapporte rien, mais cela coûte très cher».

Aux Etats-Unis, des économistes ont chiffré le coût social du viol (soins de santé, frais de justice, perte de productivité) à plus de 120 000 dollars par victime sur une vie, soit un coût de 3 100 milliards de dollars pour l’économie américaine. Qu’en est-il en France ?

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