Elle est l’insulte misogyne par excellence, inonde les réseaux sociaux, ponctue les productions culturelles. «J’suis un fils de pute, comme ils disent /Après tout c’qu’elle a fait pour eux /Pardonne leur bêtise /Ô chère mère ! /Ils te déshumanisent», chantait encore récemment Stromae dans le titre Fils de joie, marquant un retournement rare de cette invective. Dans Pute, histoire d’un mot et d’un stigmate (1), Dominique Lagorgette revient aux racines de ce terme, aussi vieux que notre langue.
Le mot «pute» et les centaines d’autres associés comme «putain» ont été traqués, du Moyen Age à nos jours, par cette professeure de sciences du langage dans les dictionnaires d’argot, les archives criminelles, la littérature, la musique ou encore le cinéma. Véhicule sémantique «d’un système d’oppression et de contrôle de genre», cette insulte figure parmi les plus utilisées, selon un rapport du Haut Conseil à l’égalité de 2019. Etymologie renvoyant à la saleté, perte de sens de «putain», retournement du stigmate pour les travailleuses du sexe (TDS). Dominique Lagorgette retrace les représentations portées par ces termes.
Quelle est l’origine du mot «pute» ?
Certains étymologues ont longtemps cru que «pute» venait du latin puta, petite fille. En réalité, ce terme dériverait plutôt de putidus, renvoyant à la puanteur et à la saleté. Connexe, «salope» viendrait de «sale hupe», un oiseau ayant la réputation d’être très sale. Nous sommes passés d