«Je n’ai pas été agricultrice, mais j’ai rendu des services.» Fille de paysanne, actrice de la lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac, Christiane Burguière garde encore aujourd’hui une très grande modestie. A la ferme de l’hôpital, «la première quand on arrive par le nord sur le Larzac, on avait tout le temps du monde». Par ici passaient toutes les bonnes volontés : «des cars, des journalistes, des militants», toujours accueillis avec le café, les biscuits, la bienveillance et les bonnes informations. Lors des réunions, réunissant majoritairement des hommes, elle gère les repas, la logistique, mais aussi les conflits. Et même lors des actions, depuis chez elle, elle répond au téléphone, avertit des gardes à vue, rassure et donne des nouvelles, tout en s’occupant de la ferme et des enfants. «On n’était pas sans profession, on faisait cent professions», résume Christiane.
Jusqu’au jour où, en 1973, «j’en ai eu assez de servir les tasses à café à des gens qui venaient toujours voir Monsieur Burguière». Alors, dans la maison, «on tombe la cloison entre la cuisine et le salon», pour que Christiane puisse déjà entendre et participer aux conversations. Par timidité, ou peur de ne pas savoir quoi dire, «quand c’était mon tour de parole, j’allais souvent aux toilettes». Toujours «plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral», c’est dans le journal de la lutte Gardarem Lo Larzac que Christiane trouvera sa place.