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Librairie féministe censurée à Nice : l’Etat condamné pour atteinte à la liberté d’expression

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En décembre, la vitrine des Parleuses avait été recouverte d’un drap par des policiers à l’occasion d’une visite de Gérald Darmanin. La justice a considéré lundi 26 juin qu’il s’agissait d’«une décision illégale portant atteinte à la liberté d’expression».
La devanture de la librairie les Parleuses à Nice, dissimulée derrière un voile noir le temps de la visite du ministre, le 9 décembre. (Photo/DR)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice, Louis Moulin et Anne Diatkine
publié le 27 juin 2023 à 9h34

L’action policière avait fait scandale, elle est désormais jugée illégale. Par des ordonnances rendues lundi 26 juin, que Libération a pu consulter, le tribunal administratif de Nice a condamné l’Etat pour atteinte à la liberté d’expression après qu’une librairie de la ville a vu sa devanture recouverte d’un large drap noir par des agents à l’occasion d’un déplacement de Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur visitait le 9 décembre le nouvel hôtel de police niçois, en face duquel se situe la librairie les Parleuses.

Pour l’occasion, ses tenancières avaient exhibé en vitrine plusieurs collages féministes tels que «Qui sème l’impunité récolte la colère», «Victimes, on vous croit. Violeurs, on vous voit». Ou encore «Sophie, on te croit», en référence à Sophie Patterson-Spatz, qui accuse depuis 2017 Gérald Darmanin de viol et s’est pourvue en cassation en janvier dans cette affaire. Mais le ministre n’avait rien vu de cela : la police avait tout recouvert d’un drap… et les libraires