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Violences faites aux femmes

Harcèlement de rue : malgré de lourdes amendes encourues, le délit d’outrage sexiste compte pour des prunes

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Cinq ans après l’entrée en vigueur de la loi pénalisant le harcèlement de rue, l’outrage sexiste, encore méconnu, peine toujours à être endigué dans les faits, faute de flagrants délits.
L'outrage sexiste est passible d’une amende pouvant aller de 1 500 à 3 750 euros, en cas de circonstances aggravantes ou de récidive. (Leonor Lumineau/Hans Lucas pour Libération)
publié le 3 août 2023 à 15h42

Il s’agissait de «poser un interdit social clair» et de «l’accompagner de pédagogie». C’est en ces termes que Marlène Schiappa décrivait l’objectif poursuivi par la loi du 3 août 2018, créant l’infraction d’outrage sexiste, destinée à lutter contre le harcèlement de rue. «L’enjeu est grave : c’est celui de la liberté des femmes de circuler librement dans l’espace public», estimait encore l’ex-secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, dans le Parisien. Sifflements, demandes insistantes, remarques salaces : depuis cinq ans, «le fait d’imposer [à autrui] tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant ou crée une situation intimidante, hostile ou offensante» constitue un outrage sexiste, passible d’une amende pouvant aller de 1 500 à 3 750 euros, en cas de circonstances aggravantes ou de récidive. Depuis avril, l’amende maximale pour outrage sexiste aggravé a d’ailleurs été majorée, notamment si les faits sont commis par une personne ayant autorité, en groupe, ou sur un mineur de moins de 15 ans.

«Continuum des violences»

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