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Enquête

Marché noir de la PMA : «C’est limite de se faire du fric sur notre désespoir»

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C’est un secret de polichinelle : la PMA est pratiquée en France, sous le manteau, pour des couples lesbiens et des femmes célibataires. Si certains gynécologues aident ces femmes par militantisme, d’autres le font par opportunisme.
Marie, le 2 juin à Châteauroux. Comme elle, de nombreuses femmes ont recours à des PMA en France alors qu'elle sont célibataires, ce qui est interdit par la loi. Certains gynécologues et cliniques privées le pratiquent malgré tout. (Sébastien Pons/Libération)
par Marie-Lys Lubrano
publié le 6 juin 2021 à 12h43

Quand Adélie (1) a entamé les démarches pour une PMA clandestine en France, en novembre 2020, elle a suivi la procédure indiquée par des groupes Facebook : contacter une banque de sperme pour obtenir une liste de gynécologues acceptant de pratiquer des inséminations avec le sperme d’un donneur (IAD) dans leur cabinet. C’est qu’Adélie, 34 ans, avocate parisienne célibataire, n’est pas éligible à la PMA légale, ce qui pourrait changer avec le retour de la loi bioéthique à l’Assemblée ce lundi. «J’ai appelé le premier, spécialiste de la procréation, il a dit que l’insémination coûterait 500 euros en liquide». Les deux autres lui demandaient 300 et 400 euros en liquide aussi. «Je me suis dit que c’était pareil pour tous», conclut-elle.

Payer au noir prive la patiente de tout remboursement par la Sécurité sociale mais permet au gynécologue d’arrondir ses fins de mois grâce à un acte relativement simple qui consiste à introduire une petite quantité de sperme dans l’utérus à l’aide d’un cathéter. Durée de l’acte : 10 minutes. Le cathéter coûte dix euros en pharmacie. La «paillette» de sperme (un petit tube de 5 millilitres), avec la livraison dans son container d’azote pour la garder cryogénisée, coûte entre 900 et 1 500 euros, à la charge de la patiente. Adélie a choisi un donneur non anonyme pour que son futur en