Dans un bloc opératoire parisien, en 2015. Marie (1), une vingtaine d’années, est interne en médecine. En pleine intervention, alors que son visage est éclaboussé de sang, le chirurgien qui se trouve face à elle l’interpelle : «Tu aimes les faciales ?» Du tac au tac, elle répond : «Et vous ?» A l’époque, personne ne parle de violences sexistes et sexuelles au sein des hôpitaux. Ni entre amies, ni en famille, ni avec des collègues. La règle, c’est de faire avec. Malgré «l’humiliation» et «la colère sourde» qu’elle ressent, Marie s’accroche, boucle son stage et termine ses études. Elle insiste : «Cette toute-puissance des médecins est banalisée.» Presque dix ans plus tard, le #MeToo à l’hôpital qui envahit les réseaux sociaux l’illustre : la situation n’a pas changé.
Depuis les révélations de Paris Match concernant l’urgentiste Patrick Pelloux, accusé par l’infectiologue Karine Lacombe d’être un «prédateur sexuel», le sexisme dans les centres hospitaliers