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#MeTooCinéma : l’insulte de Fanny Ardant aux victimes de violences sexuelles

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Violences sexuellesdossier
Dans un entretien fleuve accordé au magazine d’extrême droite «Causeur», l’actrice réitère son soutien à Roman Polanski. Non contente de défendre «l’honneur du réalisateur», elle alimente le stigmate associé au mot «victime».
Fanny Ardant et Roman Polanski en 1996. (Pat/GAMMA-RAPHO)
publié le 5 juin 2024 à 20h23

L’insulte est frontale et clignote sur aplat bleu en une du magazine Causeur : le mouvement #MeTooCinéma serait un «festival de connes». Dans les pages, Fanny Ardant ne se contente pas de venir défendre «l’honneur de Roman Polanski», accusé de violences sexuelles par une dizaine de femmes, mais elle tire allègrement, avec l’appui de la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris – autrice d’un ouvrage de défense du réalisateur –, sur les victimes de violences sexuelles. Fanny Ardant insulte par ricochet, dans un tandem avec la rédaction du magazine, les 160 000 enfants et 217 000 femmes victimes chaque année (1).

«Je n’ai jamais voulu être une victime», déclare fièrement celle qui est à l’affiche du nouveau film de Roman Polanski, The Palace. Il est visiblement encore nécessaire de le rappeler : «victime» n’est pas un gros mot. «Victime» n’est pas une étiquette dont les femmes choisiraient de s’affubler. Avoir été ou être une victime n’est pas un choix. Ce n’est pas geindre. Etre une victime, c’est porter seule ou presque le poids des violences, tout en sachant qu’une grande partie de la société s’efforcera de le nier. Etre une victime, c’est hurler dans le vide, quand la justice classe 86% des plaintes pour violences sexuelles. Etre une victime, c’est voi