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Libération
Violences sexistes et sexuelles

#MeTooMédecine : Patrick Pelloux mis en cause par Karine Lacombe

L’infectiologue, mise en lumière lors de la crise Covid, accuse, dans Paris Match, le médiatique urgentiste d’être un «prédateur sexuel», ce qu’il réfute.
Patrick Pelloux en 2022. (Luc Nobout/IP3)
publié le 11 avril 2024 à 11h23

Ce sont deux poids lourds de la médecine en France. Karine Lacombe, infectiologue, devenue valeur sûre des médias à l’occasion du Covid-19 notamment pour ses critiques à l’encontre de Didier Raoult, accuse l’urgentiste Patrick Pelloux, lanceur d’alerte lors de la canicule de 2003 et ancien chroniqueur chez Charlie Hebdo, d’être «un prédateur sexuel» dans Paris Match.

Ce n’est pas la première fois que Karine Lacombe évoque l’ambiance viriliste du milieu médical français. La journaliste Anne Jouan a connecté tous les points. Il y a d’abord cette phrase dans Le Monde, en 2020 : «Je me dis que j’ai fréquemment observé et subi des actes qui seraient aujourd’hui qualifiés d’agressions sexuelles.» Et puis cette autre, dans Ouest France, en octobre 2023 : «J’ai recroisé un urgentiste dont on sait qu’il est un prédateur sexuel. Il m’a dit : de toute façon, avec #Metoo, on ne peut plus rien faire.» Un entretien à l’occasion de la sortie de son livre, Les femmes sauveront l’hôpital (Stock, 2023), dont le sixième chapitre est intitulé «sexisme et sexualité à l’hôpital». Aucun nom n’est donné, mais selon Anne Jouan, «le croisement des dates et des lieux conduit à Patrick Pelloux». Karine Lacombe lui confirme son intuition.

Exfiltré de son poste en 2008

Elle décrit des comportements très gênants. Comme ce jour, où Patrick Pelloux saisit une interne «par le cou et frotte son bas-ventre contre elle, «Mmm, te mets pas comme ça, c’est trop tentant, putain ce qu’il fait chaud !» La collègue ­sourit, gênée, et le repousse.» Un comportement «empreint de domination sexuelle», selon Karine Lacombe. Et des faits connus dans le milieu médical. «J’ai questionné autour de moi, et l’on m’a appris que Pelloux était loin d’avoir eu un comportement exemplaire avec la gent féminine», confirme l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn à Paris Match. Selon l’entourage de sa prédécesseure, Roselyne Bachelot, Patrick Pelloux aurait même été exfiltré de son poste à l’hôpital Saint-Antoine, en 2008, en raison d’«accusations répétées de violences verbales et sexuelles». Lui, à l’époque, parlait de harcèlement à son encontre.

Contacté par l’hebdomadaire, Patrick Pelloux se défend. : «Oh, Karine Lacombe a sorti ça dans un livre ? Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Alors là, je suis sur le cul. Putain, je vais être obligé de lui coller un procès… N’importe quoi, je n’ai jamais agressé personne. Jamais ! On était trop grivois comme on l’était alors, voilà. Ce que nous disions et ce que nous faisions est infaisable aujourd’hui, c’est sûr. Mais on rigolait bien !»

Au-delà de ce cas précis, c’est une ambiance globale dans le milieu médical que dénonce Anne Jouan. Elle cite plusieurs témoignages anonymes décrivant des mains sur les cuisses, des propositions de promotion contre des services sexuels. Elle revient également sur des condamnations pour agression sexuelle de professeurs installés à Toulouse ou à Rouen. La médecine n’a pas encore fait sa révolution post MeToo.