Menu
Libération
Cinq sur cinq

Midterms 2022 : le droit à l’avortement renforcé par les référendums locaux

Midterms: Élections américaines de mi-mandat 2022dossier
Cinq Etats organisaient mardi un référendum sur ce droit fondamental, torpillé en juin par une décision de la Cour suprême. Les résultats, encore provisoires, dessinent une victoire des pro-IVG, y compris dans les Etats conservateurs.
Dans le Vermont (ici à Brattleboro), les partisans du oui au référendum sur «l’autonomie reproductive» ont obtenu gain de cause, le 8 novembre. (Kristopher Radder/AP)
publié le 9 novembre 2022 à 15h03

Ces élections de mi-mandat faisaient office de test. Cinq mois après le renversement par la Cour suprême de l’arrêt Roe v. Wade, qui protégeait au niveau fédéral l’accès à l’IVG, cinq Etats ont organisé à l’occasion des élections de mi-mandat un référendum local sur le droit à l’avortement. Si neuf juges de la Cour suprême ont pu renverser un acquis d’un demi-siècle, décidant ainsi du sort de millions d’Américaines, les électrices et électeurs se sont eux-mêmes mobilisés dans les urnes pour protéger ce droit fondamental. Il s’agissait, pour les Etats concernés, de trancher pour une protection ou, au contraire, des restrictions supplémentaires.

Dans le Montana et le Kentucky, les propositions allaient clairement dans le sens d’un recul. Le Kentucky soumettait ainsi au référendum un amendement à la Constitution de l’Etat, pour faire figurer que ce texte «ne garantit pas le droit à l’avortement» et que l’Etat n’a aucune obligation de le financer. Selon les derniers résultats communiqués par les médias américains à la mi-journée (heure française), le «non» l’a emporté à 52,6 %. Une victoire importante mais qui ne suffira pas‚ à elle seule, à revenir sur la législation actuelle, qui interdit presque totalement les interruptions volontaires de grossesses. Le texte du Montana était, lui, plus retors. Il proposait de poursuivre en justice les professionnels de santé qui ne feraient pas tout leur possible pour sauver la vie d’un enfant né vivant, à tout âge gestationnel – et donc même en cas d’avortement raté. Les électeurs ont voté à 52,6 % contre cette mesure, qui risquait de réduire encore le nombre de médecins pratiquant les IVG.

L’IVG renforcée dans les Etats libéraux

Au Michigan, dans le Vermont et en Californie, les référendums visaient, au contraire, à reconstruire une muraille législative protectrice pour mettre à l’abri le droit à l’avortement d’éventuels renversements politico-judiciaires. Dans le Michigan, 55,4 % des électeurs ont approuvé la proposition faisant de la liberté de procréation et de toutes questions relatives à la grossesse (soit l’IVG et la contraception) un droit constitutionnel de l’Etat, mettant fin aux espoirs des républicains de rétablir une loi des années 30 interdisant l’avortement. Une majorité bien plus nette encore se dégage dans le nord-est du pays. Dans le Vermont, 77,4 % des électeurs ont voté pour la création d’un droit constitutionnel à «l’autonomie reproductive personnelle». Enfin, en Californie, 65,2 % des votants ont souhaité que la Constitution de l’Etat soit amendée pour protéger cette liberté reproductive «dans ses décisions les plus intimes», incluant le droit à l’avortement mais aussi à la contraception.

Ces résultats provisoires rejoignent ceux du premier référendum test organisé au Kansas dès le mois d’août. Dans cet Etat conservateur, le référendum sur l’IVG avait penché à 60 % en faveur du maintien des droits des femmes. Cette prise de température de la vie «après Roe» confirme le soutien majoritaire des Américains à un accès libre à l’avortement. A ce jour, 13 Etats l’interdisent dans la plupart des cas et d’autres en restreignent l’accès. Une étude du Pew Research Center montrait en mars que l’accès légal à l’IVG est soutenu par 61 % des adultes aux Etats-Unis.