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Billet

Mondial 2023 : un baiser forcé, concentré de masculinité toxique

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Justifié comme une démonstration «naturelle» d’affection, le geste du président de la Fédération espagnole de foot, qui a embrassé contre son gré l’attaquante Jennifer Hermoso après la victoire de la Roja, est symptomatique d’un sexisme sournois et profondément ancré.
Le président de la fédération espagnole de foot, Luis Rubiales, embrassant de force la joueuse Jennifer Hermoso après la victoire de l'Espagne, à Sydney, le 20 août. (capture d'écran Youtube)
publié le 21 août 2023 à 16h43

C’était un moment historique. Un moment de liesse, forcément. Pour la première fois de son histoire, l’Espagne est devenue championne du monde de foot dimanche, après que ses joueuses ont battu l’Angleterre (1-0), à l’ANZ Stadium de Sydney, en Australie. Lors de la remise des médailles aux joueuses, le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, serre d’abord dans ses bras l’attaquante Jennifer Hermoso, avant d’attraper sa tête à pleines mains, et de l’embrasser sur la bouche, visiblement contre son gré. Elle semble rester immobile – un état de sidération habituel dans ce genre de situations. Peu de temps après, la numéro 10 de la Roja dira, en souriant, dans un live diffusé sur Instagram depuis les vestiaires : «Ça ne m’a pas plu, hein !»

Un continuum de violences

Les images de ce baiser non consenti ont depuis été largement diffusées, commentées, conspuées. Luis Rubiales a tenté de se justifier, pour le moins maladroitement, en fustigeant les «idiots et gens stupides» ayant pointé du doigt son attitude, incapables selon lui de «voir le positif».