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Féminicides

«Nathalie Debaillie est morte d’avoir fait confiance à la justice» : six ans après le féminicide, l’Etat face à ses responsabilités dans un procès

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En 2019, Nathalie Debaillie a été enlevée et assassinée par son ex-conjoint, malgré de multiples appels au secours au commissariat de Lille. L’Etat répondra de ses manquements lors du procès civil qui s’ouvre ce mercredi 7 mai.
Paris, le 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes. (Cha Gonzalez/Libération)
par Léna Lebouteiller
publié le 7 mai 2025 à 6h00

Moins d’un an après la condamnation de l’assassin de sa sœur et de ses complices, Nicolas Debaillie se prépare à un nouveau procès. Nathalie Debaillie – qu’il appelle toujours «Nath» – a été assassinée par son ex-compagnon le 27 mai 2019 à Lille. L’homme a déjà été condamné, en juillet 2024, à trente ans de réclusion criminelle. Mercredi 7 mai, la famille de la victime assigne l’Etat pour défaut de protection, au cours d’un procès civil au tribunal judiciaire de Paris.

Il y a bientôt six ans, Jérôme Tonneau enlevait son ex-conjointe Nathalie Debaillie à son arrivée sur son lieu de travail, la ligotait, la séquestrait puis l’égorgeait dans son appartement avec l’aide de complices. Les multiples plaintes et mains courantes, déposées au commissariat de Lille au cours des quatre mois précédant le féminicide, n’ont rien donné. L’employée de banque et mère de deux enfants avait pourtant raconté aux policiers le harcèlement, le hacking, les menaces de mort. «On était témoins quotidiens de la peur de notre sœur, se souvient Nicolas Debaillie. On a vécu avec elle les quatre mois d’enfer, de traque, de harcèlement.»

«Une mort très annoncée»

«Cet homme n’a eu de cesse d’être violent avec toutes ses compagnes», rappelle Isabelle Steyer, l’une des avocates de la famille Debaillie. Elle rappelle qu’une ex-compagne avait notamment porté plainte pour tentative de strangulation en 2015, classée sans suite par le parquet de Lille. Il était alors sous contrôle judiciaire pour des faits d’escroquerie