En pleine campagne pour un quatrième mandat à la présidence de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët a fait parler de lui, non pas grâce à des interventions éclairées sur l’état actuel de son sport, mais par un commentaire emprunt d’une misogynie crasse sur l’équipe de France féminine. Interrogé sur les tensions entre la sélectionneuse, Corinne Diacre et certaines de ses joueuses, dont la capitaine Amandine Henry, en marge d’une réunion avec les représentants de clubs franciliens, le dirigeant a osé arbitrer : «Aucun match perdu. Voilà ce que je retiens. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal.»
Une réhabilitation à peine voilée du cliché du crêpage de chignon et l’idée sous-jacente que les femmes seraient incapables de s’entendre entre elles, condamnées (en bonne partie par les hommes) à se comporter en rivales, à se jauger et à se critiquer. Cette pirouette stéréotypée est certainement plus efficace pour évacuer un sujet redondant depuis l’arrivée, en 2017, de l’ancienne internationale française à la tête des Bleues. Il ne faudrait quand même pas se fendre de quelques minutes de réflexion sur le fond de ces désaccords et sur ce management contesté.
Il y a dix ans en Afrique du Sud, la situation explosive entre Raymond Domenech et une bonne partie de son effectif n’avait pas suscité de commentaires déplacés de la direction de la FFF. Le temps où la FFF sortait les violons pour louer le succès populaire et sportif de la Coupe du monde féminine de foot en France en 2019 semble déjà loin. A l’époque, Noël Le Graët appelait à la tenue d’une compétition internationale tous les deux ans pour accompagner l’éclosion du foot féminin. Une sortie qui entache son engagement sur ce dossier et alimente les clichés qui veulent que les femmes soient des sportives de seconde zone. Après avoir argué, en septembre, que «le phénomène raciste dans le sport, et dans le football en particulier, n’existe pas ou peu», le dirigeant de 79 ans ferme les yeux sur une autre discrimination systématique.