Menu
Libération
Enquête

«On a peur que notre travail soit décrédibilisé» : chez Surfrider, des failles dans la gestion des violences sexistes et sexuelles

Article réservé aux abonnés
Violences sexuellesdossier
Plusieurs affaires révèlent les lacunes de l’organisation de préservation de l’océan dans la gestion interne des VSS. En toile de fond, la peur de nuire à la cause environnementale semble entraver une protection efficace des victimes.
Dans l'ONG Surfrider, l’engagement environnemental et le souci de préserver l’image de l’association semblent prévaloir sur la dénonciation des violences sexistes et sexuelles. (Roxane Lumeret /Liberation)
par Lisa Douard et Daniel Lauret
publié le 5 août 2024 à 6h45

Le storytelling est parfait. Une association de préservation de l’océan créée dans les années 90 par des copains surfeurs, devenue l’une des voix les plus fortes de la conservation marine. «Surfrider, c’est le job de rêve pour tous les jeunes aux convictions écolos. Tu bosses dans une ambiance bande de potes… Enfin, de prime abord», décrit Léo (1), ancien salarié de l’ONG basée à Biarritz et présente dans douze pays européens, qu’il a quittée en 2023. Auprès de Libération, ils sont plusieurs collaborateurs à remettre en cause la gestion des affaires de violences sexistes et sexuelles en interne.

En juin 2022, Chloé (1), une salariée de l’antenne de Bordeaux, accuse l’un de ses collègues de viol. Elle a été sa compagne dans une relation qu’elle qualifie de «violente» deux ans auparavant. Depuis, il exerce sur un autre site de Surfrider. Plus rien ne les lie hormis le travail. L’événement, qu’elle peine à évoquer, aurait eu lieu après un dîner d’équipe à Bordeaux alors qu’il est en séminaire dans la ville. La jeune femme reste cloîtrée dans son appartement plusieurs jours avant de porter plainte. Elle alerte son employeur. La direction interdit alors au mis en cause de contacter Chloé, mais ce dernier continue de prendre le micro pour l’association, en France ou à l’étranger. Ne pou